Par le Dr. Feumba Samen
______________________________________________________________
Le métier des historiens au quotidien s’est transformé en une corporation d’hypocrites. Un cénacle de menteurs. Une secte qui promeut la propagande au détriment de l’information juste et vraie. Une chapelle d’intellectuels(?) mercenaires qui crachent sur toute analyse cohérente et convaincante. Un groupuscule de racailles qui logent toute opération de transformation d’une donnée, dans une série de mots et de propos fleuris mais creux; et dans des images parfois tournées en studio. Trucage ou canular qui destructure les sociétés et les peuples.
Engager sans concession
Le foisonnement des titres, le nombre toujours croissant des stations de radio, et la profusion des chaînes de télévision n’ont pas en ce qui concerne le continent contribué à sa libération. Ils ont emprunté le sentier battu. Une question de paresse intellectuelle. Leur traitement de l’information n’est qu’une pâle copie des techniques et styles empruntés de l’occident. Leur manière de décortiquer un sujet, une question, ne rend pas compte des divers courants de pensées politiques à l’intérieur, ni ne les distancie des lignes politiques externes en contradiction avec les objectifs fondamentaux de l’Afrique. Ces médias jouent un rôle ambigu dans le processus de prise de grandes décisions dans les domaines politique, économique et social.
La querelle intellectuelle de ce papier porte sur le positionnement des journalistes Africains-tendance-gauche. Faut-il recentrer la ligne éditoriale vers l’ensemble des courants et des cultures de gauche? Ou lui donner un côté rebelle et le renforcer? Engager sans concession, fouiller jusqu’à l’obsession, traquer l’inacceptable, et produire des analyses qui mêlent la reconstitution des faits, le bon sens, l’enquête de terrain, et la recherche documentaire semblent être ce qui définit cette tendance éditoriale.
Il est du devoir des journalistes Africains et de tous ceux qui se réclament comme tel de comprendre qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main dans une corbeille de pétales de roses. [Ce] métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire tort, il est de porter la plume dans la plaie,” comme écrivait Albert Londres, dans Terre d’ébène, en 1927. Les Africains de cette corporation devraient s’approprier cette réflexion et en faire leur. Car la menace de plus en plus réelle de la montée du nazisme occidental sur le continent devrait les détourner de la position de fervent défenseur du pacifisme éditorial ainsi que de leur position d’adeptes des idéaux du colonialisme Européens.
Sortir du normatif insultant
Sortir du normatif insultant de l’occident est plus qu’un devoir. Un nouveau canevas doit définir la nouvelle race de journalistes Africains. Sa philosophie doit être celle qui défend les thèses de l’autodétermination du continent. Pour ce faire, sa plume doit être engagée. Une plume résistante. Une plume qui dénonce et critique. Une plume qui rappelle le sang et la sueur des Africains versés pour nourrir le totem criminel de l’occident. Une plume qui corrige l’histoire. Celle écrite par les occidentaux pour leurs intérêts.
Le chroniqueur, le correspondant, l’échotier, le publiciste, le rédacteur, ou le reporter Africain, ayant pour objectif l’indépendance du continent doit faire preuve d’une finesse d’analyse et d’une liberté de ton qui montre qu’il est “impossible d’enlever aux hommes les poux de la liberté” comme l’affirmait Bohumil Hrabal, dans “Vends maison où je ne veux plus vivre.” Les accords de dépendance qui lient les nations Africaines aux Etats occidentaux et ses conséquences néfastes pour l’avenir du continent ne devraient plus être des sujets tabous. Ils doivent passer à la loupe d’une analyse critique sans complaisance. Il s’agit de tuer les conventions, les dols internationaux qui maintiennent les Africains dans un esclavage sans joug ni chaîne.
Ces sujets et les tragédies Africaines, comme l’histoire des meurtres coloniaux et néo-coloniaux la campagne de dénigrements des leaders du continent, ont quelque chose d’essentiel, et ne devraient pas tomber dans l’oubli. Ils contiennent souvent les graines du chagrin et de la colère qui façonnent les événements du présent. Ces graines sont une clef dont une exploitation minutieuse pourrait éveiller la conscience d’une part de la génération pépinière de la nouvelle Afrique en construction, aiguiser d’autre part son engagement et sa combativité sur des formes nouvelles de son réengagement politique; pour en faire enfin des gens qui n’ont plus peur de dire qui ils sont et ce qu’ils pensent. Leur but étant, en luttant, de préserver les acquis naturels de l’Afrique. Donc, leurs intérêts.
La ligne éditoriale de gauche est celle qui définit les médias qui affûtent leur plume et dissèquent le mal sociétal d’où qu’il vienne. Ils sont de ce fait calibrer comme média de combat. Et donc, une arme contre la déstabilisation et l’oppression. Mais aussi un moyen de lutte pour attaquer et combattre l’adversaire. Ceci impose des devoirs particuliers au journaliste engagé qui se définit comme tel, ou à qui on colle ou attribut une telle épithète.
Média de combat ! Si en Côte d’Ivoire la presse Bleue est ainsi circonscrite, il est important qu’elle réajuste sa ligne éditoriale. Car, “un journaliste en possession de faits est un réformateur plus efficace qu’un éditorialiste qui se contente de tonitruer en chaire, aussi éloquent soit-il,” disait Robert Park, ancien journaliste. Il ajoutait, “ce sont les informations plutôt que les commentaires qui font l’opinion.” A cela, il insistait qu’il “ne peut y avoir d’opinion publique sur aucune action politique si la population ne sait pas ce qui se passe, ne serait-ce que dans les grandes lignes.” Malheureusement, si la presse Bleue fait mieux que le presque ensemble de la presse Ivoirienne, elle n’applique pas suffisamment ces préceptes pourtant élémentaires. Sur certains sujets, elle répète à de nuances légères ce que les médias de la cour du roi:
L’intelligent d’Abidjan, l’Inter, Soir Info, Le Nouveau Réveil, Le Patriote, Le Mandat, Le Démocrate, Le Matinal, Fraternité Matin,…au service des intérêts occidentaux prêchent. Sur d’autres, elle peut être identifiée à une presse copiste des dépêches de l’AFP ou de RFI, et autres medias publics Français, ennemis des peuples Africains. Pourtant, il est de connaissance générale qu’une copie ne pourra jamais égaler l’original,” comme aimait à le dire le président Gbagbo.
La presse Ivoirienne de “gauche” qui comprend entre autres Le Nouveau Courrier, LG Info, Le Temps, Le Quotidien,… –notre classification– s’est éloignée de la ligne droitière et liquidationniste non pas parce que ceux qui les animent et leur donnent vie à travers leurs analyses ont été traumatisés par le traumatisme de leurs parents et en portent les blessures. Ils ne se sont pas engagés à faire reconnaître la tragédie des victimes oubliées de la guerre occidentale dans ce pays pour les apaiser. Ils ont répondu au devoir du journalisme citoyen qui niche dans la reconstitution des événements qui plombent la Côte d’Ivoire, afin de rendre à ce pays son histoire et sa liberté….Mais il y a un problème.
Ce courant d’écriture et d’analyse ne s’exerce pas pleinement pour trouver les témoins des faits. Il raconte mal le quotidien sans issue des populations retranchées dans la peur et recroquevillées sur elles. Il ne dénonce pas avec le verbe fort et effervescent la duplicité de certaines chancellerie ni la duperie des différentes structure du système des nations unies en Côte d’Ivoire. Il est muet sur les questions monétaires. Il se fait rarement accompagner de spécialistes panafricains pour démêler la malice analytique des médias occidentaux ou l’escroquerie politique, morale, et judiciaire de la CPI, et des organisations dites humanitaires et leurs excroissances en Côte d’Ivoire d’abord, et en Afrique ensuite. Il a la frousse d’aller au front de la contradiction et du défi contre l’ordre établi. Il est plus que incapable de sauter pieds joints dans le futur analytique en exhumant le passé et en interrogeant le présent. Il est donc évident que la construction des faits historiques ne soit pas précédé d’une enquête sérieuse afin d’apporter un faisceau de lumière sur le récit glaçant des événements comme les massacres de la rébellion du trio Ouattara-Soro-Dominique, ou les raids de la soldatesque Française et onusienne sur les sites stratégiques de l’Eburnie; ou encore l’implication des forces endogènes dans la défiguration de leur pays. Aucun article de presse fouillé, argumenté et documenté n’a été produit pour ressusciter les événements qui ont plongé la Côte d’Ivoire dans les abîmes des ténèbres, dont il n’existe presqu’aucune source documentaire constituée par les historiens de ce pays.
Révolu le temps de tutelle
De quoi les journalistes citoyens ont-ils peur? Certains textes déontologiques, pour prévenir les excès de la presse en cas de tension ou lorsque les valeurs qui sous-tendent la stabilité d’un pays sont en péril, préconisent dans le traitement de l’information une vigilance particulière afin de ne pas les aggraver. Le langage, le vocabulaire doivent être appropriés. Dans cette démarche, il est conseillé “d’éviter le plus possible les polarisations du type nous-eux…. Éviter de créer inutilement des problèmes et de dramatiser,…assurer le suivi maximal de chaque sujet.” Cette approche louable correspond à la vision théorique occidentale d’études de conflits. Leurs medias sont plutôt agressifs lorsqu’ils doivent défendre les intérêts de leurs pays et ceux des multinationales qui les financent. Cette thèse déontologique correspond également au traitement de conflits sans ingérence étrangère. Ce qui est une recette rare en Afrique.
Ce code déontologique ne doit pas refroidir la hardiesse des journalistes citoyens lorsqu’ils ont le devoir de défendre la souveraineté de leurs nations. D’abord, parce que cette perception d’analyse de conflits ne
s’emboîte pas dans la réalité Ivoirienne en particulier et Africaine en général. Ensuite, il est une obligation pour eux de planter le fer chaud de leur plume dans le mensonge des médias occidentaux et de leurs relais, les prendre de front et dénoncer leurs énormités. A la plume comme à la plume, pourrait-on dire.
L’Afrique a besoin du journalisme qui révolutionne les mœurs. Pour ce continent, le temps de la tutelle est révolu. Les Africains connaissent leurs intérêts et en sont jaloux. Par conséquent, si un medium se réclame de gauche, il est tenu de ne pas se décrédibiliser en suivant le carcan du journalisme plat. Sa plume n’aura pas à craindre d’être traitée de pas saine ou de pas sainte. Elle ne doit pas avoir peur de cracher du venin. Tant que cette plume est citoyenne, elle pourra être confrontée à divulguer ou à traiter les informations en empruntant des angles qui dérangent non seulement ses opinions, ses croyances, ses fidélités ou ses relations, mais également celles de ceux qu’elle égratigne en interne et en externe. Mais cette plume devrait malgré tout, les affronter sauf à renier son objectif: l’indépendance de sa profession, de son pays, et la souveraineté de son peuple.
Défendre une telle ligne n’est pas chose aisée dans la mesure où le journaliste ne réside pas dans une société en même temps qu’il vit en dehors d’elle. Il a ses convictions et ses amitiés puisque, “un journaliste, c’est d’abord et avant tout un homme qui a sa famille, ses ambitions, ses amitiés passées et qui durent et aussi ses passions politiques,” écrit Le Soleil de Dakar. Cependant, poursuit ce quotidien, “si le journaliste, en tant que membre de la société ayant des intérêts et des sensibilités, n’a pas une claire conscience de sa mission sociale et de son devoir d’objectivité, il prend parti, être de connivence et aliéner l’exigence professionnelle.” Ce qui a fait dire à El Hadji Kasse, ancien Directeur du Le Soleil “qu’un journaliste qui privilégie les affects sur son devoir d’objectivité, peut se transformer en un vulgaire propagandiste.” Ce qu’on constate malheureusement au sein des médias donneurs de leçon.
Les animateurs de la presse Bleue ou de la presse de gauche ne devraient en aucun cas casser le bec de leur plume et/ou briser leur encrier parce que l’on les accuserait de sympathie, d’alignement sur un ordre donné ou de parti pris parce qu’ils défendent la cause de la veuve et de l’orphelin. La cause nationale. La patrie. Pour tout cela, ils ne doivent pas rester neutres. En plus ils doivent avoir “le courage de se fier à [leur] propre entendement, de se soustraire aux moniteurs et aux tutelles de la pensée.” Ce précepte Kantien, devrait figurer au fronton de leur cœur.
Dr. Feumba Samen,
Galena, Ohio, USA.
sirey
Juil 5, 2015 @ 14:36
Heeeeeee Parallax vraiment le temps est l’autre nom de Dieu. Parallax monsieur ti as change deh !!! C’est toi le grioo de Dao est de Guillaume Soro il ya quatre ans qui parle comme ca gigi la ? Nooooon vraiment le temps est l’autre nom de Dieu deh ! Dis tu es le camarade de Mamadou Koulibaly et compagnie la ? Comme on dit dans l’enclos colonial abusivement appele Cote d’Ivoire seuls les imbeciles ne changent pas
J’aimeJ’aime
Denis
Juil 3, 2015 @ 19:55
Il est clair que la France a joué un rôle sous mandat de ONU pour arrêter l’ancien Président Gbagbo. Mais à tous ces pseudo « panafricains »,Gbagbo qui savait qu’il allait perdre les élections a prit le temps de préparer la Guerre. J’étais en côte d’Ivoire et même voisin de Gbagbo, je remercie l’armée française qui a eu le courage cette fois d’arrêter des gens qui étaient prêts à mettre le pays à Feu et à Sang.
La Paix se construit petit à petit en Côte d’Ivoire et nous avançons. N’oubliez pas que nous savons ce que Gbagbo et ses milices ont commis comme crime en CI. Chacun est libre d’écrire des livres sur Hitler,Gbagbo, Mugabe et autres. Les occidentaux continueront de protéger leurs intérêts……….. Mais sachez qu’il y’ a des Ivoiriens,jeunes travailleurs qui ont voté pour Allassane OUATTARA. Venez en côte d’Ivoire. Il y’a des Jeunes qui ont pour vrai modèles SANKARA,LUMUMBA. Mais Gbagbo est ses amis( MUGABE,OBIANG,ZUMA) ne sont pas nos modèles.
Dr, j’attends aussi vos belles plumes sur des sujets comme la guerre aux Sud-Soudan(Des Frères Africains qui s’entretuent), Centrafrique et autres. Vos écrits seraient d’autant plus utiles s’ils étaient aussi adressés à nos Dirigeants Africains que vous aimez bien qui partagent comme vous la haine des Blancs. Bonne chance dans votre croisade.
J’aimeJ’aime
bibi
Juin 29, 2015 @ 14:59
Côte d’Ivoire: Gbagbo corrige l’Histoire
par Feumba Samen
Les élections sont très souvent considérées comme un indicateur de la démocratie et le baromètre de la stabilité. En Afrique, elles sont le facteur déclencheur de conflits, avant, pendant, et après, le scrutin. L’Afrique apparait donc à quelques exceptions près, comme le continent des exceptions qui confirment les règles. Les élections présidentielles Ivoiriennes de 2010, qui se sont soldées par la guerre non-déclarée de la France contre Laurent Gbagbo, son arrestation par l’armée Française puis remis aux soldats rebelles d’Alassane Ouattara avant d’être déporté comme prisonnier dans le nord de la Côte d’Ivoire et ensuite dans la prison de Scheveningen à la Haye au Pays Bas, est un cas d’école.
Ces élections minées ont fait grelotter l’histoire en Côte d’Ivoire. Alors que les faits restent encore pendants, Gbagbo… resurgit. Il est à son soixante-dixième anniversaire qu’il célèbre ce 31 Mai dans les liens de la prison, le moyeu central du débat politique en Côte d’ Ivoire, et la plaque tournante de la réconciliation et de la paix dans son pays. Parcours.
Singularité
La singularité de ces élections Ivoiriennes de 2010 c’est qu’elles rappellent la déconstruction de l’ordre institutionnel politico-économique de l’Afrique précoloniale d’une part, et d’autre part, elles ont introduit au centre de tous les débats et passions politiques entre l’occident et l’Afrique un autre digne fils de l’Afrique: Laurent Gbagbo, déporté dans la prison de Scheveningen de La Haye. Elles ont enfin rouvert “une autre page triste de l’histoire de l’Afrique à travers le sort inique, injuste et inacceptable fait à un Président Africain en exercice, un autre digne successeur des combattants Africains de la liberté et de la démocratie,” suivant le crédit analytique du professeur Kessie Koudou, ex-ambassadeur de Côte d’Ivoire en France et en Israël.
L’ex-président Ivoirien a été vilipendé, agoni de préjugés détestables et crasseux. Les occidentaux et leurs cocoricos nommés médias, en harmonie avec ceux qui leur sont assujettis sur le continent l’avaient enterré politiquement. Mais comme une chenille qui renaît en papillon, Gbagbo revient des décombres de la haine sous lesquelles il a été enseveli et met à mal l’ordre établi.
L’Onuci: Un témoin peu crédible
Déporté hors de son pays depuis quatre ans, le dossier Gbagbo est “un os dans la gorge” des juges de la Cour pénale internationale. Le 3 Juin 2013, estimant que le dossier de l’accusation n’était pas suffisamment étayé, la CPI “n’a pas eu d’autre choix que de refuser de confirmer les charges.” Les juges “demandent [alors] au procureur d’envisager de fournir des preuves supplémentaires ou de mener des enquêtes supplémentaires,” avait indiqué la CPI dans un communiqué. Dans une lettre adressée aux autres membres de la cour, la juge Silvia Fernández de Gurmendi, la seule voix dissidente parmi les trois juges, donne les raisons de son désaccord avec la décision d’ajourner l’audience qui aurait purement et simplement fait relaxer le président Gbagbo. Selon Stéphanie Maupas, correspondante de France 24 à La Haye, il s’agissait d’un “échec cinglant pour le procureur de la CPI,” expliquant qu’une nouvelle fois, le bureau du procureur était pointé du doigt pour “la faiblesse de ses dossiers et de ses enquêtes.” Avant de conclure, “plusieurs dossiers présentés au cours des deux dernières années ont effectivement abouti à des non lieux.”
Le dossier Gbagbo ne devrait en principe pas poser de problème. Il a été sous le feu des critiques des ‘experts’ de l’ONU, des medias et des organisation des ‘droits humains.’ le 18 Mars 2011 au lendemain d’un supposé bombardement du marché d’Abobo par les Forces de Défenses et de Sécurité, un communiqué de la représentation de l’ONU en Côte d’Ivoire (ONUCI), indiquait que “L’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire a dépêché jeudi après-midi, une patrouille robuste accompagnée d’experts des droits l’homme pour s’enquérir de la situation à Abobo où il avait été fait état de tirs à l’arme lourde sur le marché local. L’équipe sur place a pu observer que des forces armées du camp du président Gbagbo ont tiré au moins six projectiles sur le marché et ses environs causant la mort de 25 à 30 personnes et faisant entre 40 et 60 blessés. L’ONUCI exprime son indignation devant de telles atrocités contre des civils innocents. Les auteurs de ces exactions, qui constituent des violations flagrantes des droits de l’homme, ne sauraient rester impunis. L’ONUCI se réserve le droit de prendre les mesures appropriées pour prévenir, à l’avenir, de tels actes inacceptables, conformément à son mandat de protection des populations civiles.”
Le lendemain, l’ONUCI revenait à la charge. “L’examen par l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire des projectiles tirés jeudi après-midi au marché d’Abobo et dans ses environs lui permet de confirmer qu’il s’agissait d’obus de mortiers de 81 mm. Les forces de sécurité du camp du Président Gbagbo ont tiré les obus à partir d’un camp militaire faisant une centaine de victimes (tués et blessés confondus). Un tel acte contre des civils pourrait constituer un crime contre l’humanité. L’ONUCI réitère qu’elle se réserve le droit de prendre des mesures appropriées en vue d’assurer la protection des civils, conformément à son mandat.”
L’ONU en “se réservant le droit de prendre les mesures appropriées pour prévenir de tels actes conformément à son mandat de protection des civils,” et en incluant dans son communiqué des allusions aux “violations flagrantes des droits de l’homme qui ne sauraient rester impunis,” se donnait et à la France, des ‘excuses d’interventions humanitaires’ pour bombarder la présidence de la République et les sites civils du pays afin d’achever leur coup d’état contre Gbagbo.
Ce qui a été fait. Et le président Gbagbo a été renversé le 11 Avril 2011 puis transférer à la prison de Scheveningen où il attend son procès contre le procureur.
Preuves inexistantes ou perdues: La France à la manette
En début de cette année, alors que l’on s’acheminait vers l’ouverture le 7 Juillet 2015 du procès de l’ancien chef d’Etat Ivoirien incarcérer à la Haye depuis Novembre 2011, la CPI replonge dans le jeu “amalgamique” qui la caractérise en annonçant que les “preuves” contre Laurent Gbagbo dans l’affaire l’opposant au procureur de la CPI, auraient “disparu.” Pourtant, lorsqu’il a fallu combattre Gbagbo, l’ONUCI et la France, prêtant leur diplomatie, leurs soldats, et leurs medias à Ouattara avaient prétendu disposer de preuves matérielles accablantes contre lui.
Preuves inexistantes ou preuves disparues? En novembre 2013, le périodique Français La Lettre du Continent révélait que la procureure auprès de la CPI, “aurait, entre autres, approché le ministre Français de la défense pour muscler son dossier.” Hélas!, les documents rendus publics par la CPI indiquent que la démarche de la Bensouda s’était avérée infructueuse. “Concernant les Autorités Françaises, rien ne semble avoir été fait. Un tel manque est d’autant plus stupéfiant que les forces Françaises étaient présentes le long de la zone de confiance délimitant le Nord – sous contrôle rebelle –, du Sud – sous contrôle gouvernemental – et à Abidjan, qu’elles semblent avoir joué un rôle important dans l’organisation et la mise en œuvre de l’offensive rebelle vers le Sud en mars 2011, que ce sont les forces françaises qui ont réduit les points de défense des forces gouvernementales à Abidjan, que l’assaut de la résidence présidentielle a été lancé par les commandos Français, etc. Pendant toute la crise post électorale, les diplomates Français étaient à la manœuvre pour soutenir Alassane Ouattara et convaincre les représentants de la communauté internationale d’abandonner le Président Gbagbo. Dans ces conditions, il est incompréhensible que le Procureur n’ait pas demandé aux Autorités Françaises les informations dont elles disposent qui auraient permis d’éclairer les Juges et de révéler la vérité sur ces évènements. (…) Le Procureur a tellement craint de montrer le rôle des Autorités Françaises qu’il s’est interdit de leur demander des informations, pourtant essentielles, dont elles seules disposent. Passer sous silence le rôle des Autorités Françaises dans l’histoire récente de la Côte d’Ivoire et lors de la crise post-électorale, c’est exactement comme passer sous silence le rôle de la Chine et des Etats-Unis lors de la guerre de Corée,” avait notifié Maître Emmanuel Altit, avocat de la défense, dans ses observations adressées à la CPI.
La France de Nicolas Sarkozy est intervenue militairement, avec les Nations unies et les Etats Unis en cheval de Troie. Charles Onana, journaliste d’investigation Français dans son livre “Côte d’Ivoire: Le Coup d’Etat,” décryptant les manœuvre de la communauté internationale, révèle ce témoignage instructif de Gbagbo. “Un sous-secrétaire d’Etat américain m’a téléphoné et m’a parlé pendant au moins une heure. Il me disait que si je partais du pouvoir, je ne serais pas poursuivi, je pourrais m’exiler avec soixante-quatre personnes de mon entourage et que tous seraient pris en charge. Quant à moi, je serais logé, nourri et blanchi, j’aurais un travail et des revenus équivalant à 2 millions de dollars, etc. Cette conversation ou plutôt ce monologue était surréaliste. Il y avait un tel décalage entre ce que disait ce monsieur et la réalité que je vivais avec le peuple ivoirien que son discours était indigeste. J’ai finalement raccroché, fatigué de l’entendre pérorer sur les propositions qui m’attendaient si j’acceptais de quitter le pouvoir. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose d’étrange dans ce discours. Quel était le sujet ? A mon avis, c’était le résultat des élections présidentielles. Ils ont tous prétendu que j’avais perdu les élections présidentielles mais le Conseil constitutionnel de mon pays a dit le contraire.”
Revenant sur les élections proprement dites, l’ex-président Ivoirien Gbagbo explique. “J’ai demandé de recompter les voix, ils ont refusé. J’ai même proposé une commission d’enquête indépendante internationale pour examiner les faits. On a refusé. Pourtant, les données sont simples. S’il est prouvé que j’ai perdu les élections, je m’incline sans autre forme de discussion. Si j’ai gagné, je suis disposé à faire des concessions politiques pour créer un climat d’apaisement et de paix dans tout le pays. Mais pourquoi s’obstine-t-on à me faire des propositions absurdes ? Pourquoi cherche-t-on à me corrompre et à me menacer si on est convaincu que j’ai perdu les élections ? Peu après ce coup de téléphone étrange, mes conseillers me disent qu’Hillary Clinton cherche à me joindre au téléphone. Je refuse de prendre la communication car je suis convaincu que je vais encore passer un moment à entendre à nouveau les mêmes propositions. Elle m’a finalement adressé un message pour me proposer je ne sais quoi. Je n’ai même pas ouvert l’enveloppe. Après Hillary Clinton, le président Obama m’a directement appelé à son tour. Une fois de plus, j’ai refusé de prendre la communication. Je ne voulais plus écouter ni entendre les discours ennuyeux et les propositions ubuesques qu’ils infligeaient à mes oreilles.”
Gbagbo: Victime de son insoumission
Sur les méandres de ce témoignage, quel sens donner aux élections quand on privilégie la corruption, les menaces, et l’action militaire au recomptage des voix? Des voix diverses mais pas discordantes répondent. De leurs réponses, on comprend ce qui se cache derrière le maintien du président Laurent Gbagbo en prison. “Laurent Gbagbo-corps physique, est en otage parce qu’il s’est montré peu docile,” dit Bernard Belin Dadié, romancier, dramaturge, et poète prolifique, ex-administrateur et ministre de la Culture dans le gouvernement de la Côte d’Ivoire de 1977 à 1986. Selon l’ancien Président sud-Africain Thabo Mbeki,“Le Président Gbagbo est victime d’un système mondial qui, tout en criant haut et fort les droits universels de l’homme, ne cherche qu’à perpétuer dans son seul intérêt, la domination du plus grand nombre par quelques-uns qui disposent de la prépondérance du pouvoir politique, économique, militaire et médiatique.” Mbeki poursuit en exposant l’implication des puissances dans la déstabilisation des pouvoirs Africains. “Combien de violations flagrantes du pouvoir, l’Afrique et le reste des pays en développement devront-ils encore subir avant que la vision d’un système démocratique de la gouvernance mondiale ne se réalise?” Question phare aux Ivoiriens et Africains.
Selon Gildas Le Lidec, ex-ambassadeur de France en Côte d’Ivoire entre 2002-2005, “Gbagbo a fait peur” à l’occident sûrement à cause de ses idées souverainistes et de sa politique économique. En estimant qu’il n’y avait pas de raison que les occidentaux prennent peur face à un homme qui n’avait que les intérêts de son peuple à défendre, il croit comme beaucoup, qu’ “il n’y a pas de raison qu’il soit à La Haye.” Après ces déclarations qui dédouanent Gbagbo, il poursuit, “si quelqu’un comme Laurent Gbagbo est, à cause de ce qu’il a fait devant la CPI de La Haye, à mon avis …beaucoup de chefs d’Etat Européens doivent y être. Pourquoi pas mettre Sarkozy compte tenu de beaucoup de choses qui se sont passées ou Berlusconi.” En passant, il décoche une flèche sur cette cour de justice raciste avec une négresse, esclave de maison aux commandes. “Pourquoi c’est réservé aux Noirs et pas aux Blancs?”
Des faits soutiennent ces arguments de Le Lidec. François Mattei, dans son livre “Côte d’Ivoire: Révélation sur un scandale Français,” révèle que Jean-Marc Simon, ambassadeur de France en Côte d’Ivoire à l’époque des fait, “a conduit l’assaut de la résidence de Gbagbo que l’armée rebelle ne parvenait pas à faire tomber.” Acte criminel qu’il considère “comme un haut fait de sa carrière.” Cette chasse à l’homme pour des élections supposées apporter la paix et la démocratie en Côte d’Ivoire a été décrite par cet ambassadeur-barbouzard comme une partie de corrida. “On a d’abord bien fatigué la bête, par des pressions politiques, économiques, puis militaires, pour la mise à mort… l’estocade, ” dit-il. Ce n’est pas tout. Il dénonce ses complices. “Je passais mon temps au téléphone avec le com’zone Koné Zakaria, avec Guillaume Soro, avec Ouattara, et avec l’Elysée, pour diriger les opérations.” Dans ses hauts faits de guerre pour une élection dans un pays qui n’est pas le sien, Jean-Marc Simon poursuit, ironique, “pendant que nous les bombardions, on entendait là-dedans des salves d’Alléluias, de chants et de prières. Ils croyaient sans doute que le ciel allait venir les sauver… alors qu’il leur tombait sur la tête.” Il ne reste plus que le feu de l’enfer pour achever ce traitre qui porte une combinaison de trois noms bibliques. Une preuve que Satan se cache sous toutes les peaux et les petits détails. Jean-Marc Simon ne finira pas les bras en croix. Sûrement pas haut et court comme Juda. Mais…dans la bouche de l’enfer.
Avant lui, Alain Juppé en Août 2011, tout en parlant du rôle que la France a joué dans le désastre Libyen, fit une révélation sur le coup d’état perpétré contre le président Laurent Gbagbo en Côte d’ivoire, quatre mois plutôt. “Les insurgés n’auraient pas pu entrer à Tripoli sans l’aide des militaires Français. Le France a pris des risques en Libye, comme elle en avait pris en Côte d’Ivoire,” confessa le chef de la diplomatie Française. Par cette déclaration, Alain Juppé avouait, enfin, que c’est la France qui avait renversé par un coup d’état militaire, le Président Laurent Gbagbo, le 11 Avril 2011.
Ces actes anticonstitutionnels et surtout aux essences sataniques, donnent un sens à l’analyse de Le Lidec, et mieux à sa question: “Pourquoi c’est réservé aux Noirs et pas aux Blancs?,” en référence à la CPI qui est devenu un centre de concentration des nationalistes Africains.
Tout ceci prouve d’une part que Gbagbo se trouve à la CPI non pas parce qu’il a perdu les élections et aurait tué ses concitoyens comme on le lui prête. Il y est pour des raisons politiques. Les prises de position politique de Gbagbo le démontrent aisément. A plusieurs occasions et à différentes tribunes, l’ex-président Ivoirien a lui-même clamé haut et fort l’objet de son combat qui lui vaut aujourd’hui sa déportation. Il disait, “Je veux une Côte d’Ivoire ouverte aux autres, pas une Côte d’Ivoire à qui l’on donne des ordres. Des conseils, oui. Des ordres, jamais. Ce pays n’est pas re-colonisable. Nous n’avons pas peur d’être libres.” A ces propos qui constituent un crime de lèse-majesté pour les puissants de ce monde, il a ajouté: “J’ai choisi d’être acteur de l’histoire de la Côte d’Ivoire et de ne pas être une marionnette.”
Il ne s’arrête pas là. Lors de l’audience de confirmation des charges de la CPI le 5 Décembre 2011, alors que tout le monde attendait qu’il se renie, il exprima une fois de plus sa conviction profonde pour le respect des institutions et des textes qui régissent une nation. “Bâtir des institutions fortes en Afrique, telle est ma conviction. Et la démocratie que nous voulons, c’est le respect des textes, à commencer par la plus grande des normes en droit qui est la Constitution. Qui ne respecte pas la Constitution n’est pas un démocrate (…).” Sur ce, il apporta un faisceau de lumière sur les raisons de sa détention à la CPI. “Je suis ici parce que j’ai respecté la Constitution de mon pays.”
Aux Africains qui s’attachent les services de l’occident pour déstabilisateur leur pays afin de s’emparer le pouvoir il donna cette instruction; “Je souhaite que tous les Africains comprennent que le salut pour les États africains, c’est le respect des Constitutions que nous nous donnons et les lois qui en découlent.” Par ricochet, “celui qui respecte la Constitution de son pays, mais qui piétine la Constitution des autres pays,” comme l’ont fait la France et les Etats Unis en Côte d’Ivoire, “n’est pas un démocrate.” L’on ne peut être un démocrate en France et se comporter en potentat en Afrique.
Sur ces faits, le Président Laurent Gbagbo est victime de son insoumission à l’ordre dominant. Son arrestation et son emprisonnement, ne sont ni plus ni moins que “l’art de vaincre sans avoir raison,” qui est le propre de la France. Mais pour combien de temps encore?
Sarkozy et les bombes: L’Afrique s’éveille
Dans son livre intitulé “Les guerres secrètes antiGbagbo,” Feumba Samen remercie Sarkozy d’avoir pu par la brutalité des armes éveiller la conscience des Africains, remodeler le panafricanisme pour dénoncer et réclamer l’indépendance réelle de l’Afrique. Les panafricains sont dans cette logique. Ils n’ont pas accepté l’injustice faite à Gbagbo, l’un des leaders Africains qui avait pour ambition de briser le joug du colonialisme. Depuis le coup d’état du 11 Avril 2011 fatal pour l’Afrique mais aussi bien pour l’occident, “nous avons vu tout une génération se repolitiser, et se mettre en position de combat contre le coup d’état franco-onusien parce que chaque génération, ici et là-bas, connaît un évènement majeur qui la réveille et la mobilise;” écrit Michel Galy, professeur de géopolitique des universités Françaises, en hommage aux panafricanistes à l’occasion du quatrième anniversaire du renversement de “Gbagbo, dernier panafricaniste Africain,” –pour reprendre l’expression du polémiste franco-Sénégalais Kemi Seba.
Maître Habiba Touré, avocate au barreau de Paris, dénonce le coup d’état du 11 Avril comme “le viol de la constitution Ivoirienne et la mise à mal de la souveraineté de la Côte d’Ivoire.” Mais au-delà de la Côte d’Ivoire, c’est un cas d’école qui “peut se passer dans n’importe quel autre Etat d’Afrique.” Néanmoins, elle constate que dans cette agression de l’ordre institutionnel, tout n’est pas négatif puisque “le cas de la Côte d’Ivoire à sensibiliser beaucoup d’Africains… qui sont tous Gbagbo,” à prendre en main leur destin et protéger leur constitution contre les violations interne et externe. À ceux qui ont invité la coalition franco-onusienne à détruire militairement la Côte d’Ivoire, elle déclare “qu’on ne bombarde pas un pays parce qu’on n’est pas d’accord avec sa constitution. On se bat politiquement pour essayer de convaincre ses compatriotes.” Guy Labertit, ancien conseil zone Afrique du parti Socialiste Français prenant part à cette marche anniversaire de 2015, pointe du doigt la duplicité de l’occident. Il rappelle à cet effet un extrait du discours de Obama en visite au Ghana, qui conseillait pour la bonne marche de la démocratie “des institutions fortes et non pas des hommes forts,” mais qui du reste, en équipe déstabilisatrice avec la France, ont allégrement violé les institutions Ivoiriennes. Albert Bourgi, professeur de sciences politiques à Reims, a analysé les aspects coloniaux et néocoloniaux de coup d’état du 11 Avril. Cette date marque selon la pertinence de ses analyses, “l’une des pages les plus sombres de l’histoire politique de l’Afrique. Et peut-être tout simplement l’une des pages les plus sombres de l’histoire coloniale et néocoloniale Française. Ce 11 Avril, a marqué une véritable rupture par rapport à la farce qu’a constitué le processus prétendument de la décolonisation.” Le Professeur Gomez Coovi, historien et Egyptologue, a expliqué d’une part, les raisons de l’agression de l’occident contre Gbagbo; d’autre part, l’esprit qui a guidé les mouvements spontanés qui ont eu lieu partout en Afrique contre la guerre faite à Gbagbo, et enfin, pourquoi “tout un continent s’est mis en mouvement derrière lui.” Lui, Gbagbo, la nouvelle égérie de la lutte pour la souveraineté Africaine depuis ce 11 Avril 2011.
Gbagbo embastillé : La Haye, lieu de pèlerinage politique
La déportation du Président Laurent Gbagbo qui, selon les intellectuels(?) coloniaux occidentaux –et Africains à la solde du capital–, mettraient fin aux revendications de souveraineté de ses compatriotes a produit l’effet contraire. Dès son kidnapping, Jean-Marc Simon, ambassadeur de France, Choï, représentant des Nations Unies en Côte d’Ivoire, deux des trois artificiers du conflit Ivoirien en plus de Philip Carter III, ambassadeur des Etats Unis, avaient annoncé au monde entier, via les journalistes que le président Gbagbo était fini.
Une fois l’onde émotionnelle évacuée, les Ivoiriens, soutenus par les panafricanistes, avaient repris leur destin en main pour la libération de Gbagbo et la reconquête de leur souveraineté. Pour ce fait, ils ont bravé les arrestations, les jugements extra-judiciaires, les emprisonnements dans les prisons privées, les assassinats et les crimes d’une violence inouïe. Sous cette impulsion, l’ex-président Ivoirien est quatre ans plus tard, selon les analystes politiques non-corrompus, la clef maîtresse de la réconciliation et des élections présidentielles apaisées d’Octobre 2015 dans ce pays.
Le quotidien Ivoirien Soir Info, aligné sur la politique dictatoriale de l’autocrate Alassane Ouattara est convaincu que Gbagbo est la plaque tournante de la politique Ivoirienne. Il écrit “Laurent Gbagbo, faiseur de roi? Comment Gbagbo est sollicité. L’effet boomerang ou quand La Haye devient la plaque tournante de la politique Ivoirienne. La CPI est devenue un lieu de pèlerinage depuis que Gbagbo y a été déporté.” Il n’a pas tort. En prison, Laurent Gbagbo reçoit régulièrement. “Les intellectuels et les hommes politiques d’envergure y affluent tous les jours pour le rencontrer,” affirme Idriss Ouattara, Secrétaire général de la Coalition des Patriotes Ivoiriens en Exil (Copie). Ceci fait dire à Amara Essy, diplomate discret, “militant de la libération” de Gbagbo, que ce dernier “est l’un des hommes les mieux informés de Côte d’Ivoire, et dans son esprit, c’est comme s’il était à Abidjan.”
Abordant les raisons de ce pèlerinage politique à La Haye, Marie-Pierre Fargaux ressort dans un article que “Laurent Gbagbo est le socle de la vraie réconciliation” en Côte d’Ivoire. Sur ce même refrain, le politologue Michel Galy analysant “Le pèlerinage à La Haye… Et le ‘grand jeu’ des élections,” note que Gbagbo est “l’épicentre de la vie politique Ivoirienne, clef des élections, et à tout le moins ‘faiseur de Roi.’” Constatant que “l’approche des ‘élections’ présidentielles d’octobre 2015 est la conséquence de l’afflux de visiteurs à la Haye,” il estime que cette “logique d’extraversion” qui place la question électorale Ivoirienne “à Abidjan,” mais aussi à “Paris” qui s’invite toujours dans les élections Africaines et enfin à “La Haye” où Gbagbo est l’une des pièces maîtresses de la politique Ivoirienne, s’expliquerait par l’absence du jeu politique intérieur.
Ces faits s’entremêlant, Konan Kouadio Bertin, député de la coalition politique au pouvoir, affirme sans ambages que “Gbagbo est incontournable” en Côte d’Ivoire. Mamadou Koulibaly, ancien président de l’Assemblée nationale et soutien obscur au régime Ouattara, qui conteste la réélection du président Gbagbo en 2010, sans jamais apporter les preuves de ce qu’il affirme, estime pour sa part que “même incarcéré, Gbagbo peut influencer et nul ne l’ignore” le jeu politique dans son pays.
Konan Kouadio Bertin, Charles Konan Banny, Essy Amara, Laurent Dona Fologo *, et bien d’autres sont passés par la CPI où ils ont eu des réunions informelles de travail avec le président Laurent Gbagbo. D’autres encore Doumbia Major, ont promis de s’y rendre.
L’ex-ministre Ivoirienne Ohouochi Clotilde Yapi, chargée de la solidarité, voit dans le ballet des personnalités Africaines et étrangères à La Haye, un “effet boomerang” qui a fait que “La Haye devienne la plaque tournante de la politique Ivoirienne.” Ainsi “La Haye est devenue aujourd’hui le centre névralgique où se prennent les plus grandes décisions concernant la marche de la Nation, le sésame qui ouvre des perspectives heureuses pour des élections apaisées en Côte d’Ivoire. Le ballet diplomatique exécuté par des personnalités politiques Ivoiriennes et Africaines de premier plan, à l’approche des échéances électorales, démontre clairement le rôle central et la place prépondérante qu’occupe, bien qu’embastillé et emmuré à Scheveningen, le président Laurent Gbagbo sur l’échiquier politique Ivoirien. Une autre leçon que nous apprend cette ‘ronde’ incessante à La Haye, est de nous convaincre de la justesse de notre combat.”
Beaucoup l’ont souvent clamé, Gbagbo est un esprit. Un esprit bienfaisant comme l’écrit MagMonde, “Les Pays-Bas, Abidjan, Paris, La Haye, cette route est devenue celle d’un étonnant pèlerinage de candidats en quête de la bénédiction de Gbagbo qui est considéré comme un diable par le pouvoir en place.”
Ainsi donc, Gbagbo n’est pas simplement le point de repère et le modèle d’inspiration des politiques. Il est le creuset de l’émancipation historique de la nouvelle génération consciente des Africains. Ainsi, la résistance des Ivoiriens et des panafricains qui ne faiblit pas–après son kidnapping par les forces spéciales Françaises–, et qui ont organisé le 11 Avril 2015 à Paris une marche avec la participation d’au moins 20 pays, en soutien au président Gbagbo et pour la défense des constitutions Africaines, est un message sans ambiguïté adressé à la France et à tous ceux qui veulent choisir pour les Africains leur président.
Après le coup d’état franco-onusien, quatre ans plus tard, une chose est sûre, Gbagbo est un esprit. Un esprit bienfaisant. A tel point que “Les Pays-Bas, Abidjan, Paris, La Haye, cette route est devenue celle d’un étonnant pèlerinage de candidats en quête de la bénédiction de Gbagbo qui est considéré comme un diable par le pouvoir en place,” écrit Mag Monde.
L’ex-président Ivoirien est de ce fait, comme une chenille qui meurt pour devenir un papillon plus resplendissant. Charles Konan Banny, ex-gouverneur de BCEAO, ancien premier ministre, allié de Ouattara, et président de la Commission Vérité Réconciliation sous le régime autocrate de ce dernier a la formule qui sied: “Qu’on le veuille ou non, Laurent Gbagbo, qui n’a pas fini d’écrire son histoire, est une icône en Côte d’Ivoire. On ne peut pas nier son influence et la réconciliation ne peut pas se faire sans lui.” Le nier serait suicidaire.
Dr. Feumba Samen
Ohio, Galena, USA.
_____________________
J’aimeJ’aime
bibi
Juin 29, 2015 @ 7:51
Coalition Nationale pour le Changement : Conjurer la Ouattaraose
La Côte d’Ivoire est depuis les élections scandaleuses de 2010, la trahison de Mamadou Koulibaly, la double investiture exécutée par Yao Ndré, et la perte de bon sens de Konan Bédié, au bord du gouffre. Le danger s’appelle Alassane Ouattara. Son idéologie, le rattrapage ethnique.
Conjurer la Ouattaraose
Pour conjurer le mal Ivoirien: la ouattaraose, qui tue depuis bientôt cinq ans, les Ivoiriens se sont donnés un instrument politique pour se réapproprier les acquis démocratiques conquis par le FPI et Laurent Gbagbo au prix de l’exil et de privation de ses libertés. La Coalition Nationale pour le Changement –CNC– est cet instrument. Cette charte fédératrice signée le 15 Mai 2015 par une dizaine de partis politiques est inclusive, sans connotation ethnique ni religieuse. L’ethnie et la religion qui la fondent c’est la Côte d’Ivoire.
Cette coalition mise sur pied dans un pays où l’environnement politique est désastreux, la vie sociale carcérale, et la sphère économique catastrophique, est sans précédent dans la vie de ce pays du point de vue historique. Il apparait comme l’un des rares pactes citoyens signés sans l’aval de la France qui sneake partout en Afrique.
Composée de cinq articles et dix protocoles additionnels, La charte de la CNC, revendique, entre autres, une liste électorale “actualisée et crédible,” un code électoral “reformé,” la proclamation “exclusive” des résultats dans les bureaux de vote, une commission électorale “effectivement” indépendante. Et ce n’est pas tout. L’ex président Ivoirien qui est depuis quatre ans au cœur des débats politiques dans son pays a eu une place de choix dans cet Acte fondamental qui exige “la libération des prisonniers politiques, notamment du président Laurent Gbagbo.” Cette coalition sera-t-elle réquisitionnée et avalée comme certaines?
Coalitions absorbées
La coalition politique Ivoirienne a un avantage certain d’être une conception sortie de ses propres entrailles. Elle n’est pas à l’image des mouvements comme “Y’en a marre,” ou “Balai Citoyen” financés par les occidentaux pour créer des soulèvements, renverser les régimes sous le fallacieux prétexte de révolution de couleur ou révolution des fleurs. La CNC n’est pas aussi comme l’association “Tournons la page,” constituée d’un collectif d’associations et d’intellectuels (?) Africains et Européens qui se sont retrouvés en Février, non en Afrique, mais en France pour lancer un appel à “tourner” selon eux “la page” des régimes autoritaires en Afrique et construire sur le continent les conditions d’une véritable démocratie.
Que ce soit “Y’en a marre,” “Balai Citoyen” ou l’association “Tournons la page,” soutenu en France notamment par le Secours Catholique-Caritas France et CCFD Terre solidaire, leurs leaders, nourris aux mamelles de l’idéologie occidentale ont une vision réductrice de « penser autrement l’avenir de l’Afrique. » Ces derniers assimilent le développement du continent à l’alternance au pouvoir. Et donc aux élections.
Ainsi, Brice Makosso, secrétaire général de la commission Justice et Paix, Pointe-Noire/Congo, bien que clamant se “battre sur des principes et non sur des personnes,” tout son raisonnement se focalise sur le processus électoral comme clef de mutation en Afrique. Extrait: “Avant les élections, il faut travailler sur un fichier électoral biométrique pour éviter la fraude, envisager une commission électorale indépendante, créer un découpage électoral uniformisé en termes de critères sur l’ensemble du territoire.”
Quant à l’abbé Santedi, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale de la République Démocratique du Congo–CENCO–, “pour penser autrement l’avenir de l’Afrique, il faudrait Travailler à plusieurs niveaux: créer les conditions d’une élection libre en veillant au respect de la loi fondamentale, mais aussi …engager l’intégration politique dans la sous-région et intégrer la communauté internationale à ces évolutions.” Plus clairement dit, pour ce prêtre, en plus des élections, il faut soumettre les projets de construction de l’Afrique au joug colonial.
Son compatriote Mgr Fridolin Ambongo, président de la commission Justice et Paix de l’épiscopat de la RDC, qui se réjouit que “le peuple congolais s’est levé pour dire non à cette manipulation de la Constitution. Pour dire oui à l’alternance démocratique. Et a payé le prix fort,” ne dit pas le contraire. Il joue sur le même registre lorsqu’il invite la France dans le débat politique interne au Congo/RD en des termes bien bas. “Nous demandons à la France de faire pression sur l’entourage de Joseph
Kabila,” avait-il sollicité.
Le schéma Burundais n’est pas différent. Le 20 Novembre 2014, Charles Nditije de l’Uprona –Union pour le progrès national; principal parti tutsi–, et Agathon Rwasa des FNL –Forces nationales de libération; première rébellion hutu–, avaient signé une déclaration qui les engageait à élaborer une plateforme politique à deux axes. D’abord présenter un programme et des listes unifiées aux communales et aux législatives, et ensuite avoir un candidat unique à la présidentielle. L’objectif de ces ennemis d’hier était de barrer la route au CNDD-FDD, et par conséquent à un homme.
Toutes ces stratégies et déclarations qui se résument à une chasse à l’homme, prendre sa place, puis remettre la gestion du pays aux bons soins de l’occident, à ses multinationales et aux familles au pouvoir résument parfaitement les bons plans du RHDP, terreau de la déchirure sociale, de la division territoriale, et de la guerre civile. Ce monstre vide, sans ambition nationale avait une double mission: d’une part le renforcement en Côte d’Ivoire de la françafrique en voie de démantèlement par le régime Gbagbo, et d’autre part aider à l’extension de ses tentacules dans toute la région Ouest Africaine.
On comprend donc que le but poursuivi par les coalitions politique n’est pas le changement d’un système inadéquat aux réalités nationales, mais du dégage que je m’asseye pour la reproduction de la philosophie impérialiste. Ce qui conduit très souvent à l’implosion de la coalition. Et la CNC dans tout ça?
Cohésion ou implosion
Tout le monde ou presque sait que la politique est un champ de réflexion sociale où les combinaisons prévisibles et imprévisibles s’entrechoquent et laissent souvent des traces malheureuses. Ceci s’explique par le fait que les partis politiques ont souvent des intérêts divergents et quelque fois des croyances différentes. De ce fait, les partis politiques ne s’accordent pas toujours sur leurs lignes politiques ou idéologiques. Par conséquent, il est difficile de maintenir un consensus sur des questions quand un désaccord surgit. Les coalitions politiques suscitent alors des interrogations.
Pour ces raisons, la CNC ne fait pas exception. Si elle donne à espérer, elle suscite également des inquiétudes. Elle apparaît donc comme un fruit qui peut contenir en lui-même le germe de son pourrissement.
Cette image pourrait s’appliquer aux signataires de la Charte qui sont différents aussi bien par leurs origines, que par leur parcours politique et les thèses idéologiques qui fondent leur vision politique. Ainsi, des pro-français aux anti-français; des porteurs des idées libérales aux tenants des thèses socialistes, en passant par les centristes tendance-droite ou tendance-gauche et des sans idéologie muent uniquement par leur patriotisme, qui fourmillent au sein de la CNC, on peut aisément qualifier cette coalition de fourre-tout idéologique. Une sorte de marmite-cocotte sans soupape d’évacuation. Une dynamite à multiple mèches que chacun peut allumer à sa convenance…. Mais la diversité d’opinion n’est pas un handicap.
Le bénéfice de cette coalition est qu’il peut conduire à plus de consensus politique sur les fondamentaux et refléter l’opinion de l’électorat populaire de la Côte d’Ivoire qui est un pays aux atouts diversifiés avec différentes communautés ethniques, linguistiques et religieuses. Ce pays qui a aussi des idéologies différentes est bien le socle d’une coalition communautaire et religieuse bien que mis à mal par les “ivoiritaires” et les “rattrapagistes.”
Si les “ennemis” ou “presque ennemis” d’hier ont décidé de s’allier, ceci nécessite plus qu’une signature. Pour que la CNC soit donc stable, il faut de la détermination et surtout un patriotisme agissant. Mettre entre parenthèses son idéologie, ses ambitions personnelles, son ego, et n’avoir que la patrie comme focus. Il est alors nécessaire que les partis politiques qui la constituent modèrent leurs idéologies et programmes. Ils devraient être plus ouverts à prendre le point de vue des autres, et à tenir compte des intérêts et préoccupations des uns et des autres. En mettant leurs idées en musique jouée dans la gamme, ils pourraient aider à agrandir les angles stratégiques de cette coalition. Pour y arriver, il faudrait un vrai débat dans un cadre consensuel autour des idées fondamentales qui n’ont que la Côte d’Ivoire comme recommandation pour aller à l’autodétermination. Ceci ne pourrait se faire qu’avec un programme qui regarde dans le sens des intérêts collectifs. Un agenda qui exclue tous les aléas de dispersion qui nuisent au consensus, pour ne se concentrer que sur les facteurs déterminants du changement. Le FPI pourrait dans ce contexte mettre l’expérience de son combat politique au service de la coalition.
S’il est clair que la CNC est un “instrument de combat à la disposition des Ivoiriens pour faire renaître l’espoir” dans ce pays où “le traumatisme et la peur se sont installés,” et non pas une union sacrée “anti-Ouattara” comme certains médias occidentaux et assimilés s’en gargarisent, l’espoir qu’elle porte n’est pas seulement Ivoirien. Il est sous régional. Elle doit non seulement conquérir le pouvoir, mais changer le système néocolonial qui régit la gouvernance en Côte d’Ivoire.
Le danger est néanmoins à la porte de la CNC. Blaise Compaoré, l’homme de Ziniaré, est en Côte d’Ivoire. Il pourrait bien vendre son expertise qui a servi à défaire les coalitions Sankaristes depuis 1987, en contrepartie d’une base arrière pour sa rébellion afin d’aller à la reconquête du pouvoir de Ouagadougou perdu honteusement. Il revient à la CNC de réussir en se faufilant entre les interstices de toutes les diversions et tentations.
Le professeur Hubert Oulaye disait “L’histoire récente de la Côte d’Ivoire parle aux Ivoiriens, parle aux Africains, parle au monde entier.” La CNC devrait parler par sa réussite aux Ivoiriens, aux Africains, et au monde entier.
Dr. Feumba Samen,
Ohio, Galena,
USA
(communiqué par l’auteur )
_________________________
En savoir plus sur http://re.ivoire-blog.com/#8Zw2xysEfAgDMwqm.99
J’aimeJ’aime
bibi
Juin 29, 2015 @ 7:47
je vous conseille le livre de l’auteur feumba Samen les guerres sécrètesantigbagbo edition ladoxa
J’aimeJ’aime
Marc
Juin 29, 2015 @ 0:10
@Allain Jules, nous esperons que tu denicheras d’autres articles de lui ou de certains auteurs comme lui. Bravo Allain pour ta quete de bonnes et belles analyses comme celle-ci.
J’aimeJ’aime
Marc
Juin 29, 2015 @ 0:02
Rien a dire. Analyse pertinente. « Excellentissime!!!!! » comme vient de noter @Africain. Vraiment « Sacrée plume celle là! » pour reprendre @ Wangrin.
Felicitations cher Dr. On attend encore votre analyse.
J’aimeJ’aime
Wangrin
Juin 28, 2015 @ 17:36
Sacrée plume celle là
J’aimeJ’aime
Africain
Juin 28, 2015 @ 11:23
Excellentissime!!!!!
J’aimeJ’aime
Estelle
Juin 28, 2015 @ 10:28
Prem’s !
J’aimeJ’aime