Pour Le Sphinx Hebdo, Armand R. Biloa Mballe
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OBJET : Halte aux Nouvelles Manœuvres diplomatico-médiatiques d’une France « usée et malade », pour la Préservation d’une Position de Rente au Cameroun.
Madame l’Ambassadrice,
La présente lettre ouverte fait suite à la première que je vous ai fait parvenir le 1er mai 2014.Soit un an jour pour jour. Le combat engagé contre la domination française au Cameroun, comme vous avez pu le constater ces derniers temps a pris d’autres formes. Il va même s’intensifier .Que votre pays ne se trompe guère ; c’est un chemin de non retour pour la libération du Continent noir.
Celle-ci s’inscrit dans un contexte géostratégique assez particulier et quel que peu inédit : celui d’un lamentable et cuisant échec de votre Pays, la France à déstabiliser et à détruire le Cameroun, comme il a fait en Libye, en Côte d’Ivoire, au Mali, en RCA et en Syrie. Contre mauvaise fortune bon cœur, vous tentez depuis quelques mois de récupérer une situation qui, de plus en plus vous échappe. Par diverses manœuvres sur fond de manipulations médiatiques, vous essayez de revenir sur la scène politique et diplomatique et ce, par la multiplication de maladroites sorties médiatiques, au travers de pitoyables déclarations et communiqués laissant croire aux Camerounais que « la France est l’amie du Cameroun », alors qu’elle son pire ennemi.
Madame tout cela, c’est de la poudre aux yeux des Camerounais et une débauche inutile de vos énergies. Vous ne ratez aucune occasion même la plus minable par le truchement d’une presse locale (dont vous savez qu’elle vit dans une précarité matérielle et financière qui la prédispose à une « prostitution » sans précédent) pour vous fendre en déclarations décousues et à l’emporte pièce. « Je dis, je réitère et je répète que la France est l’Amie du Cameroun » Qui l’eût cru ? Un signe des temps certainement. Exploitant donc cette précarité financière de la presse locale, vous multipliez de petits séminaires, de stages sans perspectives et aux termes desquels vous distribuez de modiques per diem tout en demandant d’aller prêcher la Bonne Nouvelle sur l’amitié franco-camerounaise et ses bienfaits pour le bonheur des Africains. Cela ne s’arrête pas là.
Vous avez corrompu des Directeurs de nombreux journaux locaux. Cela est connu. De temps en temps, vous leur donnez des visas pour quelques jours à Paris, contempler la Tour Eiffel et qu’une fois de retour, ils poursuivent l’œuvre de la Mission Civilisatrice de la France au Cameroun. L’essentiel pour vos autorités étant de maintenir l’image d’une France triomphante, glorieuse et magnanime dans la conscience collective des Africains en général et des Camerounais en particulier. Cette surexposition médiatique sur fond de manipulation dans ces medias locaux, vous a définitivement desservie. Elle a fini par montrer les raisons profondes de votre présence au Cameroun : préparer, encadrer et orienter l’Alternance ou même le Changement de Régime politique dans ce pays, tel que voulu et conçus par la France. Ce qui est inacceptable par notre peuple en 2015.
Nous ne sommes plus en janvier-février 1944, lorsque la France meurtrie, affaiblie et rongée par les effets d’une guerre( dont elle n’en est sortie que grâce à l’intervention des Américains et des Africains),s’est réunie à Brazzaville pour échafauder le « Système de Brazzaville » en imposant le français comme unique langue officielle dans nos Etats, le FCFA comme monnaie, les bases militaires à travers l’Afrique. Pour votre gouverne et celle de vos compatriotes dont la plupart ont une culture politique paroissiale (exclusivement hexagonale), bien vouloir lire Réflexions sur la Conférence Africaine Française de Brazzaville du Pr Laurent Gbagbo publié aux Editions Clé, 1978.
Pour ceux des « Journalistes » camerounais qui se livrent à ce jeu, nous disons « à quoi sert-il de gagner le monde, s’il faut perdre son Âme » ? Notre Âme c’est le Cameroun. C’est l’Afrique. Et non la vieille France. Non la vieille Europe.
Madame l’Ambassadrice,
Nous ne cesserons jamais de le répéter ; votre pays est entré au Cameroun par effraction. Il y reste et y demeure par parasitisme économique et financier. IL est considéré, perçu et ressenti comme une sangsue prête à tout y compris les coups d’Etat même économiques, à l’instar de celui de Vincent Bolloré qui veut réinstaller l’esclavage dans notre pays. Un individu dont la boulimie et la cupidité financières sans limites poussent à arracher les terres de pauvres villageois à Dibombari, à Eséka ou à Edéa. Cela est inacceptable. Par cette politique, cet esclavagiste des temps modernes, plante le décor d’un affrontement inéluctable avec les forces villageoises et progressistes dans les différentes localités de notre pays.
Ballets diplomatiques des « Eclaireurs » français au Cameroun sur fonds de déclarations à l’emporte pièce :
Depuis des mois votre Pays semble avoir fait le deuil de son plan diabolique au Cameroun : celui de détruire mon pays par la violence. En même temps vos hommes politiques, toutes chapelles politiques confondues font le voyage de Yaoundé aux fins de rencontrer celui que votre compatriote Fanny Pigeaud, dans son dernier « brouillon », appelle « le Monarque d’Etoudi , usé, fatigué et malade ».Mais quel paradoxe !Pour quel intérêt s’obstinent-ils à le rencontrer ?Pour quel but sollicite-t-on des audiences auprès d’un mourant ou un agonisant ?Décidément, le ridicule et la honte n’offusquent plus dans votre Pays. Comment pouvait-il en être autrement dans un Etat qui, après avoir proclamé pendant plusieurs siècles être « LA FILLE AÎNEE » de l’Eglise Catholique, ait légalisé l’homosexualité (une abominable pratique) au point de tenter d’accréditer un Ambassadeur homosexuel à la Cité du Vatican ?
A titre de rappel :
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Le 27 octobre 2014, le Président de votre Assemblée Nationale M. Claude Bartolone arrive en visite dit-il officielle. Dans la foulée, il rencontre la quasi-totalité des Prééminences Institutionnelles y compris « le Monarque usé et malade d’Etoudi ».
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Le 29 janvier 2015, deux de vos Parlementaires MM. Pierre Lellouche (député UMP, parti de M.NICOLAS SARKOZY NAGY de BOCKSÄ) et Philippe Baumel (député PS de M. François Hollande), débarquent à Yaoundé. Comme d’habitude, ils sont reçus en audience le Président de l’Assemblée Nationale Cavaye Yéguié Djibril, ensuite ils rencontrent le Ministre de l’Economie et du Plan et de l’Aménagement du Territoire M. Emmanuel Nganou Djoumessi, et enfin ils s’entretiennent avec le Ministre, Secrétaire Général de la Présidence de la République Ferdinand Ngoh Ngoh. Au terme de leur séjour en terre camerounaise, ils déclarent devant les medias que « Nous sommes venus parler de la situation dans le Nord-Cameroun, afin de contribuer au redémarrage des secteurs de l’Agriculture et de l’élevage…La croissance au Cameroun fait rêver, quand on vient d’un vieux Continent comme le vôtre. Mais cette croissance reste basée sur la production des matières premières ; il est souhaitable d’aller vers une industrie de transformations, créatrices de richesses ».Et de conclure « nous sommes venus parler de « Développement et de Croissance Profitable » .Une trouvaille. Voilà qui est dit. Le mot magique est lâché. Un nouveau concept vient enrichir la nomenclature françafricaine. Croissance profitable, et à qui donc ? Mme l’Ambassadrice citez moi un seul pays que la coopération a pu développer. Cessez de distraire les Camerounais. Ils en ont assez. Une « coopération » de pillage, de vols et viols comme le fait actuellement en République Centrafricaine votre Corps expéditionnaire qui s’est transformé en chercheurs d’or, de diamant et violeurs de petits garçons de 9 à 13 ans. C’est ça la grande France. Comme tout assassin vos hommes (politiques et d’Affaires) reviennent ces jours-ci sur les lieux de leurs crimes (Nord-Cameroun), où les bandes des voyous et des drogués que vos réseaux via l’Emir du Qatar ont armé .Ils évoquent la transformation locale des matières premières par la création des industries qui vont générer des richesses. Si ces deux Députés disposent de ces moyens qu’ils font semblant de brandir avec morgue à travers de faux airs de suffisance, qu’ils aillent créer ces richesses en France, afin de résorber le chômage et la misère qui y font des ravages. Une France où des Sans Domiciles Fixes(SDF) se comptent par centaines de milliers et dont la plupart sont contraints de fouiller dans les poubelles pour survivre. La France : la supposée grande France est nue. En passant, n’oubliez pas de demander à Jean-Louis Borloo de cesser de gesticuler ; les africains n’ont pas besoin de lui et il utiliserait mieux son imagination à essayer de trouver des solutions directes a l’épineux problème de chômage en France plutôt que de se mettre dans la peau d’un tarzan qui va sauver l’Afrique.
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Le 22 février 2015 c’est le tour de votre Ministre des Affaires Etrangères et Grand Fauteur de guerres à travers le monde, M. Laurent Fabius qui descend à Yaoundé. Dans sa jactance et condescendance habituelles, il déclare « la France est l’amie du Cameroun ».Et que son « pays fera tout pour faire valider par le Conseil de Sécurité de l’ONU, le plan adopté par les Chefs d’Etat de la CEEAC à Yaoundé contre la Secte Islamiste Boko Haram ». L’idée restant la même : faire passer auprès des Camerounais moyen, l’image d’une grande France, toujours incontournable et magnanime. Mon œil. Oubliant que la France, porteuse des mallettes de la diplomatie américaine dans le monde n’est plus que l’ombre d’elle-même. Mme l’Ambassadrice, un Vrai Ami, fidèle et sincère a-t-il besoin de le ressasser à longueur d’antennes sur les plateaux de TV ou à se fendre en communiqués sur des colonnes des journaux initialement soudoyés par vos services ? Votre duplicité et le manque de sincérité de votre politique à l’égard du Cameroun, se lisent même sur les traits de votre faciès.
Tapage et beaucoup de bruits autour d’une coopération en trompe œil :
Poursuivant la même gesticulation médiatique depuis six semaines, vous ne ratez aucune occasion pour « brandir des actes de magnanimité que la France prétend multiplier quotidiennement envers le peuple camerounais. Personne n’est dupe. Nous vous rappelons à travers cette correspondance la perception que les Camerounais ont de votre Pays au-delà des civilités diplomatiques et circonlocutions de circonstance que tiennent les autorités de Yaoundé. Votre pays a un contentieux historique qui reste et demeure imprescriptible dans la mémoire collective des Camerounais. Un débiteur peut-il faire des donations à son créancier ? La France est sérieusement endettée vis-à-vis du Cameroun et de l’Afrique et devrait axer son action à réduire cette dette au-lieu de jouer les philanthropes. Cessez de tromper les naïfs avec le même refrain :
– « La France aux côtés des Autorités camerounaises, offre 750 millions de FCFA aux Réfugiés et Déplacés camerounais, nigérians et centrafricains provoqués par Boko Haram » ;
-« La Croix Rouge Française fait un don de 262 millions de FCFA aux réfugiés et déplacés à l’Est et à l’Extrême-Nord du Cameroun » ;
-« La France, par le canal de l’Université de Nantes offre une dizaine d’ordinateurs à l’Université de Douala et à l’IUT Fotso Victor à Bandjoun »
-« La France accorde 38milliards de FCFA au Cameroun en réduisant sa dette dans le cadre du CD12 ».
C’est ridicule. Les pays sérieux, apportant des moyens significatifs et importants au Cameroun en lutte contre Boko Haram ne font pas de bruit.
A titre d’illustration :
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Le Japon a-t-il exhibé les 10 milliards de FCFA qu’il a accordés récemment au Cameroun devant les écrans de télévision ?
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L’Allemagne qui a offert du matériel militaire avec une enveloppe de 10 milliards de FCFA l’a-t-elle chanté devant les medias ?
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La Russie dont la contribution se chiffre en dizaines de milliards de FCFA avec du matériel militaire lourd fait-elle tant de bruit comme vous gesticulez devant les medias ? Non, assurément non.
Mme l’Ambassadrice, le ressentiment anti-français qui, comme une lame de fond taraude, traverse et travaille l’ensemble des composantes camerounaises, a atteint un point de non retour. La remobilisation des réseaux francafricains dormants ou en activité pour y face ne servira à rien. Vous n’avez qu’à méditer de la destruction par le feu, en direct sur le plateau de la Chaîne de la Télévision Panafricaine Afrique Media, d’un billet de 10.000fcfa par « Joe La Conscience » : un Artiste engagé est un signal fort de la nature des batailles auxquelles votre France, en pleine décadence économique financière et morale, devra désormais faire face en Afrique Noire dite francophone.
Armand R. Biloa Mballe
Pour le SPHINX Hebdo
Prochain article :
Un Etat Voyou : ou Comment la France veut imposer un Ambassadeur homosexuel au VATICAN.
un patriote africain
Juin 8, 2015 @ 18:21
Je fais énormément de violence sur moi-même pour me retenir. SInon, si cette …continue ses sorties de la sorte, elle VA PRECEDER ses colis en france un de ces midis si elle continue à abuser de notre patience aura été suffisamment éprouvée;
d’ailleurs que ceci soit pris pour un AVERTISSEMENT ET LE DERNIER que nous n’allons même plus tolérer de sa part de telles sorties.
FOI D’AFRICAIN. Si elle n’y croit pas à ce propos, qu’elle tente une prochaine de ses sorties hasardeuses et verra bien qui verra.
CECI EST UN MESSAGE PERSONNEL D’AVERTISSEMENT A SON ENDROIT QU’ELLE DOIT ENREGISTRE.
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Constantin FOTSO TALA
Mai 9, 2015 @ 16:39
très beau article. vraiment beaucoup de courage au sphinx hebdo pour l’investigation et le professionnalisme qu’il fait montre. nous attendons impatiemment les prochains articles. grand merci.
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Fer né
Mai 4, 2015 @ 0:27
Pourquoi boko haram n’a pas été éradiqué
28/04/2015 10:22
Clefsdufutur-28.04.2015-MStGermain
Pourquoi boko haram n’a pas été éradiqué
Il y a bien plus que 15 000 morts tués par boko haram. Cela ne fait aucun doute. Sans effrayer les Nigérians et les Pays voisins comme le Cameroun, boko haram a de beaux jours devant lui si les moyens ne sont pas mis pour l’éradiquer. Il n’y a pas 36 chemins. C’est la guerre au Nigéria voulue par les USA-israel-islamistes pour mettre à genou l’Afrique convoitée.
Nous n’en sommes plus à « chacun pour soi », mais « tous pour un », pour défendre le Nigéria et pas seulement : toute l’Afrique.
C’est un scandale sans précédent qui prend racine dans l’attentisme du gouvernement et le peu d’empressement de ses alliés, les Pays limitrophes, de lui venir en aide : « à chacun son problème ». Cela ne fonctionne plus comme ça, et l’Afrique ne s’en sortira que par la solidarité et en mouillant sa chemise.
Tous les conseils que Nous donnons, que Je donne, Moi Maître St Germain, au Nom du Gouvernement de la Terre, Hiérarchie Planétaire, sont Conseils de Sagesse et immédiatement applicables.
Plus vous attendrez pour être solidaires et efficaces, plus il y aura de morts, et l’économie du Pays sera paralysée. Regardez ce qu’il en est du Congo RDC, du Nord-Kivu qui a contaminé le Sud. Il est temps de se ressaisir et de ne faire aucune concession à la Loi Juste, à ces terroristes qui n’ont pas d’âme et servent leurs intérêts et ceux qui les ont commandités.
Le terrorisme est partout et ceux qui ne s’unissent pas comme les doigts d’une seule main pour les éradiquer se feront exterminer. Il n’y a pas le choix : c’est vous ou eux. Allez-vous vous laisser tuer, massacrer, quand la réponse est la solidarité ? La peur ne doit pas être. Il faut lutter pour dégager la voie de toute votre énergie, de votre vie donnée pour le Futur de Paix. C’est à ce prix que vous gagnerez : la force, la victoire vient de l’Unité des Peuples. Il n’est plus temps de subir. Il faut se battre pour imposer la Loi Juste, le Plan de Paix.
Ce qui arrive à la Syrie sera reproduit dans de nombreux pays. Et si vous ne faites rien, c’est vous qui serez exterminés.
Tant que la pieuvre est encore là : USA-israel-islamistes, les groupes de destruction organisée séviront. Après, ils n’auront plus de commandement et deviendront des bandes armées qu’il faudra tout de même éradiquer. Il n’est plus l’heure de faire du sentiment. C’est la vie de l’Afrique qui est en jeu.
MStG-SL, 28.04.2015
En savoir plus : http://www.clefsdufutur-france-afrique.fr/news/pourquoi-boko-haram-na-pas-ete-eradique/
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Spanish Empire
Mai 3, 2015 @ 22:31
Le baiser de la mort de l’Europe à l’Afrique
par Jacques Berthelot, septembre 2014
2014, l’Union européenne triomphe. Après plus de dix ans d’une sourde bataille, elle a enfin vaincu la résistance des pays africains qui refusaient de conclure avec elle les traités de libre-échange prévus depuis 2000 par l’accord de Cotonou (Bénin) (1). Le 10 juillet, les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont signé l’accord de partenariat économique (APE) d’Afrique de l’Ouest (2) ; le 22 juillet, l’APE d’Afri-que australe était paraphé ; le 25 juillet, le Cameroun ratifiait un APE individuel.
Seule déconvenue pour l’Union : l’Afrique de l’Est n’a pas suivi. Les pays de cette sous-région dominée par l’Afrique du Sud ont refusé de se priver de précieuses recettes douanières sans réelles contreparties européennes. Les APE prévoient en effet la suppression des droits de douane sur trois quarts des exportations de l’Union, tandis que celle-ci continuera à importer d’Afrique de l’Ouest la totalité de ses produits qui sont déjà en franchise de droits. Un marché de dupes. Comment en est-on arrivé à un tel désastre ?
Depuis 2008, les Etats d’Afrique de l’Ouest résistaient aux pressions de Bruxelles, aiguillonnés par de puissants mouvements sociaux réunis au sein de divers réseaux : le Third World Network Africa, basé à Accra (Ghana), la Plate-forme des organisations de la société civile de l’Afrique de l’Ouest sur l’accord de Cotonou (Poscao), à Dakar (Sénégal), et le Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest (Roppa), à Ouagadougou (Burkina Faso). Mais plusieurs événements ont permis de « retourner » les capitales africaines.
Basculement du rapport de forces
Tout a commencé avec la plainte déposée en 1995 devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) par les producteurs latino-américains de bananes. Ils bénéficiaient (d’où le nom de « bananes-dollars ») du soutien de Washington, qui n’a jamais accepté les « préférences » accordées par Bruxelles aux pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, dits ACP. En vertu des conventions de Lomé, signées dans les années 1970, ceux-ci étaient exemptés de droits de douane à l’entrée du marché communautaire (3). Donnant tort à l’Union européenne, l’organe de règlement des différends de l’OMC a ordonné le remplacement des « préférences » par des avantages dits « réciproques » au plus tard fin 2007. Ce fut l’objet des APE programmés par l’accord de Cotonou.
Mais, à l’expiration du délai, seules les Caraïbes avaient conclu un accord régional. Quarante-trois pays n’avaient pas bougé, et vingt avaient signé des accords individuels dits « intérimaires ». Parmi les non-signataires figuraient la majorité des pays moins avancés (PMA) qui relèvent du programme « Tout sauf les armes » adopté par l’Union en 2001 : tous leurs produits, hors les armements, entrent sans droits de douane sur le marché européen. Pour vaincre les résistances, les Vingt-Huit adressent alors un ultimatum aux dirigeants africains : à défaut de ratification des APE régionaux avant le 1er octobre 2014, les exportations des pays hors PMA — en l’occurrence, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Cap-Vert et le Nigeria — seront taxées à leur entrée sur le Marché commun.
Au sein de l’Union européenne, les APE ont été négociés par la direction générale du commerce de la Commission, et non par celle du développement et de la coopération, dont relevaient les conventions de Lomé. Quelques Etats ont malgré tout tenté de limiter les dégâts. « L’Union devrait opter pour une approche non mercantiliste et ne poursuivre aucun intérêt offensif, déclaraient conjointement, en mars 2005, le ministère du commerce et le ministère du développement international britanniques. L’Union devrait proposer à l’OMC (…) de réduire les exigences de réciprocité et de se recentrer sur les priorités du développement. »Au Royaume-Uni, les grandes associations (Oxfam, ActionAid, Christian Aid, Friends of the Earth) ont l’oreille de l’opinion, tandis que Downing Street défend les intérêts bien compris des industriels, qui misent sur l’essor des économies africaines.
En mai 2006, la délégation pour l’Union européenne de l’Assemblée nationale française adoptait à l’unanimité le rapport du député Jean-Claude Lefort, qui s’interrogeait : « Pouvons-nous vraiment prendre la responsabilité de conduire l’Afrique, qui abritera dans quelques années le plus grand nombre de personnes vivant avec moins de 1 dollar par jour, vers davantage de chaos, sous couvert de respect des règles de l’OMC (4) ? » Si le Parlement européen a produit de nombreux rapports contestant les APE, il s’est finalement aligné sur la Commission.
En 2013, la pression des ministres du commerce et de la coopération du Danemark, des Pays-Bas, de la France, du Royaume-Uni et de l’Irlande n’a fait que légèrement fléchir Bruxelles : la Commission a abaissé de 80 à 75 % le pourcentage des exportations de l’Union qui entreront en franchise de droits sur le marché de l’Afrique de l’Ouest (5).
Côté africain, c’est l’arrivée au pouvoir de M. Alassane Ouattara (2011) en Côte d’Ivoire — poids lourd économique de la sous-région — qui a permis d’emporter l’adhésion de la Cedeao. « En libéral convaincu, explique M. Cheikh Tidiane Dieye, directeur de la Poscao, M. Ouattara ne cache pas son engagement en faveur de l’accord de libre-échange, qui aura pour lui l’intérêt de maintenir l’accès préférentiel au marché de l’Union pour le thon, la banane et le cacao, entre autres. » Après s’être vigoureusement opposé aux APE, le Sénégal s’y rallie, avec pour objectif de devenir l’interlocuteur privilégié des Européens. De son côté, le Nigeria se montre conciliant depuis qu’il attend le soutien occidental dans la lutte contre Boko Haram.
Pourtant, l’Afrique de l’Ouest a tout à perdre. Le marché de la banane l’illustre parfaitement. Sanctionné par l’OMC, Bruxelles s’était engagé en 2009 à réduire ses droits sur les fruits venus des plantations d’Amérique latine : de 176 euros la tonne en 2009 à 114 euros en 2017. Dans la foulée, en décembre 2012, des accords bilatéraux de libre-échange (ALE) ont été signés avec la Colombie et le Pérou d’une part, avec six pays d’Amérique centrale d’autre part (Costa Rica, Salvador, Honduras, Guatemala, Nicaragua et Panamá), pour qui les droits seront abaissés peu à peu à 75 euros la tonne d’ici à 2019. Un avantage dont va bénéficier l’Equateur après la signature, le 17 juillet 2014, de son accord d’association avec l’Union (il est resté, du fait de ses prix faibles, le premier exportateur vers l’Europe comme vers le reste du monde). En 2009, des compensations — insuffisantes — avaient été accordées à la Côte d’Ivoire et au Ghana, leur permettant de continuer à exporter à droits nuls sans plafond. En 2014, rien n’est prévu dans l’APE.
Un système absurde
Or les préférences accordées aux bananes ACP, africaines notamment, perdront tout intérêt si les négociations d’accords de libre-échange avec le Marché commun du Sud (Mercosur), l’Inde et bientôt les Philippines (second exportateur) aboutissent. Le Brésil réclame un quota tarifaire à droits nuls de deux cent mille tonnes. L’Inde, premier producteur de bananes avec trente millions de tonnes, commence à s’organiser pour exporter.
La compétitivité des pays des Andes et d’Amérique centrale devrait beaucoup s’accroître par rapport à celle des ACP, car la fourberie de Bruxelles ne connaît aucune limite. En effet, tous les pays qui signent des accords de libre-échange bilatéraux peuvent ipso facto exporter à droits nuls vers l’Union, sauf pour certains produits soumis à des quotas (viandes, produits laitiers et sucre, textile-habillement). En outre, les pays d’Amérique latine, dont les monnaies sont arrimées au dollar, devraient bénéficier de la politique américaine de monnaie faible par rapport à l’euro — auquel est lié le franc CFA.
Malgré les promesses, l’APE d’Afrique de l’Ouest ne devrait pas bénéficier des 6,5 milliards d’euros sur cinq ans inscrits dans son plan de financement : aucun ajout n’est en effet prévu à la dotation du Fonds européen de développement (FED), qui représente 4 euros par habitant et par an ! Bruxelles se contente de recycler des fonds déjà programmés ailleurs. Aucune mesure ne compensera les pertes de recettes douanières consécutives à l’ouverture des marchés africains, notamment celles perçues sur les 11 milliards d’euros d’importations que les PMA auraient pu continuer à taxer s’ils n’étaient pas intégrés dans l’APE régional. Les pertes seront d’autant plus grandes que la Cedeao a adopté, sous la pression de Bruxelles, un tarif extérieur commun (TEC) qui fixe les droits les plus faibles du monde, notamment de 5 % sur la poudre de lait et les céréales (10 % sur le riz). Le « trou » dans les caisses africaines pourrait atteindre 2,3 milliards d’euros.
Pour convaincre leurs interlocuteurs, les dirigeants européens font valoir que, si l’APE régional n’est finalement pas ratifié, les pays qui ne figurent pas parmi les moins avancés, comme le Nigeria, la Côte d’Ivoire et le Ghana, devront se contenter des tarifs peu avantageux fixés par le système de préférences généralisées (SPG) de l’Union : 3,5 % de réduction en moyenne par rapport aux droits accordés à la nation la plus favorisée, dits NPF, acquittés par les pays occidentaux. Concrètement, ces Etats devraient payer à l’Union un droit de 136 euros par tonne sur les bananes, de 5,8 % sur les ananas, de 18 à 24 % sur le thon et ses conserves, de 9 % sur le café torréfié, de 2,8 à 6 % sur les produits du cacao, de 8,9 % sur l’huile de palme et de coprah. Les pays des Andes et d’Amérique centrale, qui pour la plupart bénéficient, en plus des ALE, du système de préférences généralisées SPG+ (lire « Régimes douaniers européens »), ne paient que 117 euros sur les bananes en 2014 et n’en paieront que 75 en 2019. Ils exportent leurs ananas, poissons, café torréfié, produits du cacao et huiles de palme et de coprah à droits nuls.
Ce système absurde ne tient pas compte de la différence des situations économiques : en 2012, le produit national brut (PNB) moyen par tête des quatre pays non ACP d’Afrique de l’Ouest était de 1 530 dollars, contre 4 828 dollars pour les six pays non ACP d’Amérique centrale et 7 165 euros pour les trois pays andins. Les perspectives paraissent sombres pour la sous-région, dont le déficit alimentaire a bondi (de 11 millions de dollars en 2000 à 2,9 milliards en 2011) et dont la population explose : trois cent quarante millions d’habitants en 2014 et cinq cent dix millions prévus en 2030.
La faiblesse africaine dans les négociations tient également au fait que les Européens financent en grande partie l’intégration régionale — notamment à travers le budget de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) —, mais aussi les réunions de l’Assemblée parlementaire paritaire Union européenne – ACP et les sessions de « mise à niveau » de leurs experts. Surtout, les dirigeants s’affaiblissent eux-mêmes en écoutant les cabinets d’experts plutôt que leurs populations, pourtant mobilisées et constructives.
Les associations d’Afrique de l’Ouest ont proposé que leur région soit classée « grand PMA », et qu’une dérogation soit demandée à l’OMC. Elles suggèrent aussi d’instituer une taxe de 1,5 % sur les échanges internes à la Cedeao pour compenser les droits de douane que devront payer les exportateurs de Côte d’Ivoire et du Ghana.
« Les chefs d’Etat sont mal informés. On ne comprend pas ce qui les empêche de consulter les mouvements sociaux. Mais ils ne se fient qu’aux bureaucrates, s’insurgeait le 25 octobre 2013 M. Mamadou Cissokho, président honoraire du Roppa. Ce n’est pas acceptable : avant d’engager la vie de millions de personnes, il faut les consulter (6) ! »
La Commission a laissé entendre qu’elle pourrait repousser la date limite pour la ratification au 1er octobre 2016. La bataille n’est pas terminée.
Jacques Berthelot
Economiste. Auteur de Réguler les prix agricoles,
L’Harmattan, Paris, 2013.
(1) Lire Ignacio Ramonet, « L’Afrique dit “non” », Le Monde diplomatique,janvier 2008.
(2) L’APE Afrique de l’Ouest comprend la Cedeao (Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Togo) et la Mauritanie.
(3) Signé le 23 juin 2000, l’accord de Cotonou, qui succède à la convention de Lomé IV, vise à se conformer aux règles de l’OMC. Lire Anne-Marie Mouradian, « Offensives contre la convention de Lomé », Le Monde diplomatique, avril 1995.
(4) Jean-Claude Lefort, « Rapport d’information sur la négociation des accords de partenariat économique avec les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique », Assemblée nationale, Paris, 5 juillet 2006.
(5) Cheikh Tidiane Dieye, « Comment le deal sur les APE en Afrique de l’Ouest a-t-il été obtenu ? », International Centre for Trade and Sustainable Development, Genève, 9 mai 2014.
(6) http://www.roppa.info
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Parallax
Mai 3, 2015 @ 22:10
A reblogué ceci sur KAMERUN SCOOP.
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Ruben Um Nyobe
Mai 3, 2015 @ 21:19
Tout d’abord merci Mr Alain Jules pour cette lettre ouverte et dénonciatrice et pour tout votre travail.sur ce qui ce passe au Cameroun actuellement et qui en France ce ressent mais comme a son habitude le Kamer de la diaspora fait semblant de ne pas entendre ou voir.J’ai 40 ans ,je n’ai pas fait de (grandes) études donc excusez moi pour mon texte brut,je suis arrivé en France dans les années 80 dans les bagages de mes parents avec le rapprochement familiale et ai été naturalisé,comme beaucoup. La vie de rêve jusqu’à maintenant a été un cauchemar que l’alcool et la drogue ont apaisé jusqu’à ma prise conscience du fait que notre nouvelle nationalité n’était qu’un permis a l’esclavage.En France être noir c’est n’être personne,sauf si vous représenté un intérêt financier pour un lobby (musique,sport..)si en plus comme la plus part Vous avez grandi en banlieue (ghetto) quelque soit la ville alors ce handicap est encore plus cinglant,car le le nom des établissements scolaire vous précède et automatiquement quelque soit votre niveau les portes se ferment automatiquement.En gros le droit a aucune évolution sociale,d’abord les français blanc et riche et après les autres,et nous en dernier si il reste des places que personnes ne veut…J’en veut ouvertement à nos parents,pas de nous avoir fait venir ici,au contraire la démarche était louable,une meilleure vie,instruction,une nouvelle liberté.Pour ça je les en remercie.Mais ce que je leur reproche c’est quand ils ont compris de nous avoir fait des reproches sur notre manque d’intégration à la France,notre implication dans les études alors que c’est l’éducation nationale qui nous a sauvagement et ouvertement rejeté pour nous orienté vers des emploies du bâtiments ou en usine dans le meilleur des cas.Mais pour moi le pire qu’on fait nos ainés a été de retourné au Cameroun en vacances tout en EXIBANT UN TRAIN DE VIE QU’ILS N’ONT PAS!et de ce fait faire croire que la France était le paradis sur terre.Je l’ai vécu a chaque retour de (vacances) la vie était encore plus difficile car il fallait remboursé cet argent dépensé a se palabré au lieu d’investir et de faire avancé le pays,si petite soit la contribution. SOCRATEDUKAMER,je suis obligé de vous répondre,j’ai lu votre tirades je n’ai pas fait de grandes études mais il apparait que Thémistocle et les spartiates se sont unis pour affronter un ennemies commun avec la ligue panhellénique…Vous représentez cette mentalité que les africains doivent combattre en s’unissant.Pour finir je vous remercie Mr Alain Jules car en parti grâce a vous j’ai décidé de rentré au Cameroun et même avec la situation économique,sociale c’est quelque chose que nous devrions faire tous car la France ne veut plus et n’a plus de nous depuis l’Europe et l’arrivé en masse de nouveaux esclaves venu des pays de l’est.
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Vénus
Mai 4, 2015 @ 0:29
Merci de faire partager votre expérience et bonne chance.
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Charles
Mai 3, 2015 @ 17:53
HS (une fois n est pas coutume! et merci d avance si ce texto passerait)
Savez vous ce qu a invoqué la RATP pour interdire la fameuse affiche du concert des chrétiens d orient?
Asseyez vous tout d abord !
Sur l’affiche interdite sur les Chrétiens d’Orient, ce n’est pas la laïcité qu’a invoquée la RATP pour justifier cette idiotie, c’est pire! Ils ont invoqué le CONFLIT ENTRE DAECH ET LES CHRéTIENS et afin d affirmer la « NEUTRALITé » » DE LA RATP DANS LES CONFLITS!
Il ne manquait plus que la RATP demande aux « belligérants » qui a commencé à agresser l autre, est ce Deach ou les Chrétiens qui font une partie du plan de Daech (Chasse à l homme de tte confession) .
Pire qu’une crétinerie, il s’agit bien d’une saloperie.
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kawa
Mai 3, 2015 @ 15:47
http://abidjantv.net/afrique-3/video-militaires-francais-violeurs-en-afrique-la-verite-par-les-photos/
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Vénus
Mai 4, 2015 @ 0:30
Un petit bonjour Kawa
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Socratedukamer
Mai 3, 2015 @ 15:36
Reprocher au balayeur son balayage…
Madame Robichon représentante de l’état Français au Cameroun n’est qu’une représentante…..,,
Ce n’est pas à elle qu’il aurait fallu adresser cette lettre.
C’est un peu comme si vous reprochiez au balayeur son balayage, sans tenir compte de la compagnie qui l’emploie.
Et après cela vous ne connaissez pas l’histoire de thémistocle et l’histoire des longs murs dans l’enceinte duquel se trouvait Athènes et le port du pirée:
À la fin des guerres médiques, Sparte première puissance militaire de Grèce avait imposée aux athéniens de ne pas construire de fortification autour de leur ville pour protéger leurs ville de futures agressions militaires, car leur puissance affirmaient ils étaient suffisante pour protéger toute la Grèce; feignant d’avoir écouter l’ordre des spartiates, les athéniens envoyèrent le général Thémistocle en ambassade le vainqueur des thermophyles, pour protester contre la décision prise par Sparte.
Avant son départ pour Sparte Thémistocle conseilla aux athéniens de construire les longs murs, toute la population hommes et femmes, l’ouvrage devait être terminé avant son arrivée en Sparte.
En arrivant à Spartes Thémistocle ne pouvait mettre les Spartiates que sur le fait accompli.
C’est ainsi qu’il faut agir le grand général Athénien nous l’a enseigné:
Face à un adversaire plus fort il faut feindre d’aller dans son sens en apparence seulement et par derrière en sous marin, aller dans le sens radicalement opposé.
L’exemple le plus parfait connu audiovisuel est l’inspecteur COLOMBO.
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Klassfeld
Mai 3, 2015 @ 14:30
Prem’s
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