RACISME ET HUMOUR ? Roger Moore et Lena Dunham enflamment les réseaux sociaux

Posted on Mar 30, 2015 @ 8:49

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Par Emmanuel Grandjean (Le Temps.ch)

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Roger Moore et Lena Dunham

Roger Moore et Lena Dunham

L’acteur anglais et l’actrice américaine sont accusés de propos déplacés

Roger Moore et Lena Dunham. Le premier a 87 ans, la seconde 28. Les deux sont acteurs stars, lui en incarnant pendant douze ans l’espion balourd-stylé James Bond, elle en devenant l’égérie du New York hipster à travers Girls, la série dont elle est à la fois l’héroïne et l’auteure. Ce week-end, l’un et l’autre ont dû faire face au déchaînement des réseaux sociaux. Dans une interview publiée dans Paris Match, Roger Moore, à qui on demandait son avis sur la possibilité d’offrir à Idris Elba – acteur noir vu dans les séries The Wire et Luther – le rôle de l’agent 007, répondait: «Bien que James ait été joué par un Ecossais, un Gallois, un Irlandais, je pense qu’il doit être Anglais-Anglais. C’est néanmoins une idée intéressante, mais irréaliste. Il y a des années, j’ai dit que Cuba Gooding Jr serait un excellent Bond, mais c’était une plaisanterie!» De quoi soulever une bronca d’enfer sur Twitter. Roger Moore a tenté d’éteindre l’incendie raciste en prétextant une erreur de traduction. Le responsable de la rubrique culture de l’hebdomadaire tient à sa version, affirmant, enregistrement à l’appui, que la retranscription reste conforme aux propos tenus par l’Anglais de Gstaad.

Le quiz qui méprise

Lena Dunham, elle, s’est carrément mis à dos toute la communauté juive. L’actrice tient une chronique dans The New Yorker, magazine intello et bon ton dont le statut de monument de la presse anglo-saxonne le met à l’abri de la crise. Intitulé «Dog or Jewish Boyfriend? A Quiz» (soit «Chien ou petit ami juif? Le quiz»), son dernier billet n’a pas manqué de nourrir la polémique. L’article prend la forme d’une liste de 35 affirmations («Les chauves déclenchent en lui une peur primale», «Il est brièvement sorti avec une autre Lena, mais elle était Noire et coureuse», «Il est obsédé par les grooms, ce qui me trouble»). Au lecteur de déterminer ensuite si elles se réfèrent à son copain – le guitariste Jack Antonoff – ou à Lamby, son toutou, dont elle poste régulièrement les images sur Instagram. The Anti-Defamation League a vivement réagi. La ligue qui fait la chasse à l’antisémitisme a condamné cette manière de comparer les juifs à des chiens, qualifiant la démarche de «très mauvais goût», en rappelant au passage qu’aux Etats-Unis fleurissaient jadis les panneaux «Juifs et chiens non admis». Editeur du magazine, David Remnick a répliqué que l’humour juif cultive la moquerie et joue avec les stéréotypes. Et que ne pas le voir dans ce cas serait aller dans la mauvaise direction. L’actrice, elle, n’a pas bronché. La Twittermaniaque s’est pour l’instant abstenue de recommander l’article à ses 2 millions de followers.

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