PRINTEMPS RUSSE. Odessa: le témoignage du militant communiste Alexandre Gerasimov

Posted on Fév 18, 2015 @ 9:05

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alexPar Alexandre Sivov

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gerasimovJ’ai déjà écrit sur le sort d’Alexandre Gerasimov. jeune communiste membre du groupe armé de la guérilla urbaine d’Odessa en 2002. Il avait été arrêté par le SBU et férocement torturé avec ses camarades pour leur tirer des confessions. Après sa sortie d’un prison de très haute sécurité, où il a passé dix ans et demi, il a participé à l’Antimaïdan d’Odessa. Au cours du pogrom du 2 mai dernier d’Odessa dans la Maison des Syndicats, il a eu des blessures graves. Selon nos informations, nous pensions qu’il s’agissait d’une fracture du bassin. Mais, ce n’était pas le cas car, le carnage du 2 mai garde tous ses secrets et ses énigmes.    

J’avais réussi à le rencontrer pour une interview:

gerasimov1Désormais, il se déplace avec une baguette. Voici son témoignage:

Le 2 mai, je travaillais. Le soir j’ai appris qu’à Odessa il y avait un affrontement entre les nazis et les activistes Antimaïdan. Vers 17h00, je me suis rendu près de la Maison des Syndicats pour essayer de savoir ce qu’il se passait. Il y avait là, sur place, près de 100 à 150 personnes, en majorité des femmes et des personnes âgées puis, leur nombre a augmenté pour atteindre les 300 personnes.

En début de soirée, quelques 2500 à 3000 nazis sont arrivés.

La Maison des Syndicats, où nous nous sommes réfugiés, fut incendiée par un grand nombre de cocktails Molotov et des fumigènes. Quand tout s’est enflammé, je suis passé  avec d’autres militants vers le haut du bâtiment pour se réfugier sur le toit. Hélas,  la fumée, épaisse, n’a pas permis que nous ne nous orientons correctement, ce qui a fait que, nous nous sommes retrouvés coincés au quatrième étage. J’ ai alors essayé de descendre pour sauter par la fenêtre des étages plus bas. Je suis arrivé au deuxième étage. Etant donné que les couloirs étaient envahis par la fumée, je rampais, parce que, en bas, il y avait encore un peu d’air respirable. Ensuite, j’ ai perdu connaissance. Je me suis réveillé vers les 1h30-2 heure. J’ai alors ressenti une vive une douleur dans mes jambes. Une de mes jambes était coincée sous quelques meubles. Il faisait sombre, brumeux, mais le feu dans le bâtiment était déjà éteint. A ce moment-là, les militants du Secteur Droit et d’autres organisations fascistes rodaient dans les couloirs en achevant les blessés. Ils sont venus vers moi. Il s’agissait de deux personnes âgées d’ une vingtaine d’années. L’un d’eux m’a frappé avec une matraque sur la tête et les jambes. Par chance, le second l’a empêché d’en finir avec moi. Ils m’ont ensuite dépouillé de mes deux téléphones mobiles.

Mon genou a été brûlé par un produit chimique. Les brûlures sont très graves, de 3e et de 4e degré. Je ne me rappelle pas avoir été brûlé par le feu car, mon pantalon, au niveau des genoux, était intact. Ils ont probablement utilisé un produit chimique, soit en forme liquide, soit en aérosol. Après cet incident, j’ai passé trois mois à l’hôpital et subi trois opérations, consistant à  des greffes de peau sur mon genou. Je suis toujours en traitement.

Quand j’étais en prison, j’avais rencontré un nazi convaincu arrêté pour sa participation à l’explosion du marché de Kiev en 2004. Son nom est Taras, il est de Kiev. Il y avait dans la prison une bibliothèque intéressante: les livres « Diary de Turner », « Mein Kampf », « Les rebelles blancs des Montagnes Rocheuses » et plus encore. Libéré sur parole dans le cadre de cette «révolution» ukrainienne, il s‘est engagé au bataillon d’Azov et il combat maintenant dans le Donbass.

Dans une nouvele vidéo, Alexandre Gerasimov raconte son calvaire. Sachant que cette vidéo sera vue ici , il s’adresse, entre autres, spécialement aux Français (en russe) :

«Ne soutenez pas la junte fasciste de Kiev ! En Ukraine, c’est le fascisme. On tue tous les opposants du régime, tous les dissidents !», plaide-t-il.

Alexandre Sivov

 

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