PRINTEMPS RUSSE. Ukraine (Donbass): le retour de la « conférence » de Yalta (Crimée)

Posted on Sep 1, 2014 @ 9:19

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alexPar Alexandre Sivov

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A Yalta, en Crimée, il y a quelques jours dans un hôtel chic, a eu lieu, une grande conférence des médias russes sur Donbass. Sous les auspices et l’argent du pouvoir russe, bien évidemment. Quelque chose un brin théorique, pour éclaircir les contours idéologiques du Donbass dit post-ukrainien. Bref, une conférence bien organisée.

Un hôtel de Yalta

Un hôtel de Yalta

Première chose à noter – on y a invité des personnages qui, en France, seraient qualifiés d’extrême-droite. Des êtres parfois farouchement opposés au communisme et même avec un brin de fascisme version russe, et des discours racistes. Ça vous en bouche un coin ? Quant à moi, non.

A propos, les Français savent-t-ils quel est le parti politique européen qui est considéré par le Kremlin comme le plus sympathique ? Hé bien, le Front National de Marine Le Pen. Ceci ne s’affiche jamais sur les sites russes francophones mais, je suis assez proche des rédactions moscovite et, croyez-moi, c’est presque officiel.

La situation idéologique dans le Donbass est très complexe. Les combattants de base sont très pro-communistes et pro-ex URSS. Dans les faits, ils méprisent en même temps les partis communistes officiels, soit russe, soit ukrainien. Pour eux, ces derniers sont des, vendu au pouvoir central. Néanmoins, les émissaires de la Russie disent aux différents commandants militaires du Donbass ceci:

« Ne hissez jamais les drapeaux rouges ! Ne mentionnez jamais l’ex URSS dans les interviews ! Pas un mot sur la nationalisation des biens, même des oligarques de Kiev ! Plus des popes orthodoxes, plus de croix, ne plus de mentionner la Bible ! C’est un l’ultimatum, sinon, vous ne recevrez de la Russie aucune cartouche ! »

Et ces émissaires analysent sous la loupe, les affaires des commandants sur place : celui ci pourrait avoir accès à l’aide militaire russe, bien que minimal, tandis que l’autre, non, et il devra lutter contre les chars ukrainiens avec des carabines de la guerre 1941-45, en perdants ses hommes et son territoire.

Mais sur place au Donbass, on accepte grosso modo ces règles du jeu. L’Internet russe parlant du Donbass est submergé par les croix, les popes, et les insurgés clament haut et fort qu’ils sont de vrais orthodoxes, voire des  fanatiques. Tout le monde comprend que c’est de la comédie mais, que faire ?

Une autre chose assez paradoxale, c’est l’annonce de Vladimir Poutine qui souhaite de ses vœux la reconnaissance de la Novorossia et réclame, dans ce sens-là, des pourparlers avec Kiev. Or, il y a deux mois, voire même quelques semaines, si c’était le cas, les choses allaient être sublimes…

Mais, étrangement, est-ce quand la débandade de l’armée ukrainienne se concrétise et que la chute de Kiev devient inévitable que le Kremlin se réveille ? La chute est-elle programmée dans quelques semaines ? On constate sur le terrain que, les collaborateurs du régime de Kiev, pris de panique, quittent en masse des villes comme Dnepropetrovsk ou Kharkov, pour se réfugier avec leurs familles… en Russie. Pourquoi cette direction ?  Le président russe tente-t-il à d’éviter le renversement de Porochenko ?

En réalité, la révolution du Donbass, de type d’extrême-gauche, a ses propres règles. Les données sont floues. De façon naturelle, les dirigeants, les idées et même les autorités changent. Nul ne peut réellement contrôler cette tambouille-là. Je ne crois pas que Poutine va réussir à fonder au Donbass, un état archaïque et corrompu, calqué de la Russie tsariste. Au contraire même, c’est le Donbass qui pourrait influencer la Russie.

 Alexandre Sivov

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