Guerre au Mali: De la dissymétrie française à la colère malienne qui gronde

Posted on Jan 31, 2013 @ 10:59

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Dioncounda Traoré

Dioncounda Traoré

Un nœud coulant est entrain d’être mis au cou des Maliens. Sans être devin, ici, nous l’avions prévu. En effet, on a appris hier, que, les troupes françaises seraient bloquées à l’aéroport de Kidal suite à une tempête de sable. Or, dans cette zone, l’influence des groupuscules comme Ançar Dine ou le MNLA (Mouvement national pour la libération de l’Azawad) est forte. Le dernier, qui aurait repris le contrôle de la ville  après le départ des islamistes a exigé qu’aucun soldat malien n’entre dans la ville. Contre toute attente, la France oblige donc, au grand dam des Maliens, le Gouvernement intérimaire à la négociation avec les autonomistes touaregs du MNLA.

Malheureusement pour la majorité des Maliens, eux qui voulaient par tous les moyens criminaliser les Touareg, ces gens privés de tout depuis 1958, sont finalement prisonniers de l’intervention française. Nous sommes désolés de les avoir traité de cons, hier, mais c’était suite à tous les quolibets dont nous avons été victimes sur des forums maliens. Aujourd’hui, avant même que les choses ne soient au beau fixe, les exigences françaises commencent déjà à agacer les Maliens. Comment pouvaient-ils penser un seul instant que c’était pour lutter contre le terrorisme que la France débarquait au Mali ? Certains ont cru que nous étions incohérents comme les autorités françaises qui disent combattre le terrorisme au Mali, et le soutiennent en Syrie, en nous accusant de soutenir les djihadistes maliens ou étrangers, peu importe. La France a maintenant sécurisé la route de l’uranium venu du Niger, et ménage les Touareg. Dans un article précédent, nous disions ceci:

Les Maliens savent-ils que le rêve secret de la France réside dans l’espoir d’obtenir des autorités maliennes… illégitimes, la base de Tessalit dans l’Azawad, hautement stratégique au plan économique et militaire ?

Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, avant qu’il ne soit obligé dans bientôt de signer soit l’autonomie de l’Azawad soit son indépendance, puisque l’intervention française lui pend au cou, fait semblant. Il a rejeté toute discussion avec les djihadistes liés à Ançar Dine mais se dit prêt à négocier avec les Touareg du MNLA. Ah, et pourtant, ces derniers se sont alliés avec les groupes terroristes pour prendre le Nord-Mali. Dans un entretien avec la chaîne France 24, il a déclaré:

 « Le seul groupe avec lequel nous pouvons envisager des négociations susceptibles d’aboutir, c’est le MNLA, à condition qu’il renonce à toutes ses prétentions territoriales et qu’il accepte de s’intégrer au Mali définitivement et qu’ensemble, nous cherchions la solution dans la démocratie, dans la décentralisation et dans le développement »

La dissymétrie française n’est pas anodine. Elle s’est toujours comportée de la sorte, d’où l’importance de connaître l’histoire. Et dire que, récemment, un journaliste malien lors d’un débat à la radio m’avait rétorqué que l’Azawad n’existe pas. Derrière le discours du retour de la France, se cache en réalité, un accord avec les Touareg qui vivent dans la zone inexplorée et plus riche du Mali. En espérant que certains, qui ne sont pas dépourvus d’honnêteté intellectuelle viendront nous dire: « Vous aviez raison! » Comme en Libye, attendons la suite.

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