Êtes-vous «Pro» ou «Anti» « Occident » ? Le passage de Robert Fisk au Québec et au Canada.

Posted on Jan 29, 2013 @ 18:46

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clip_image002Êtes-vous  «Pros» ou «Antis» Occident ?

Drôle de question n’est-ce pas !

«Pro» ou «Anti» Occident !

Un étiquetage…

Étiqueter (définition) :  Ranger dans une catégorie sans l’étudier.

Exemple: Un député qu’on étiquette comme gauchiste.

Ou encore un journaliste qu’on étiquette comme «anti-occidental»!

Dans les médias, le titre ou l’étiquette sert soit à rehausser la crédibilité du propos, voire même à les rendre en quelque sorte « indiscutables » (sic), ou alors à les discréditer totalement, voire les rendre tellement odieux qu’il vaut mieux même de ne pas en prendre connaissance.

Exemple: Monsieur le Ministre a dit: «…»

Ou le grand « intellectuel » ou «le fabuleux titre» a dit: «…»

Quelqu’un peut-il oser le contredire ?

Certainement pas Monsieur ou Madame Toutlemonde !

Ou alors:  «Le théoricien du complot», Thierry Rodriguez déclare: «…»

Ou encore: «Leprince, ce conspirationniste…»

Qui donc peut oser dire qu’il prend de tels propos au sérieux ?

Personne, sauf ceux qui ne craignent pas trop de perdre leur réputation !

« Anti- occidental »

Aujourd’hui, l’étiquette en vogue est : « anti-occidental ».

C’est l’étiquette rejeton du jadis «anti-américanisme» (mondialisation oblige). Étiquette souvent employé avec le qualificatif décisif et tranchant de « primaire ».

Exemple:  «Jo Blow est un anti-américaniste primaire !»  Ouf! Ça dit tout!

Pas besoin de le prendre au sérieux.  Un peu comme ce Chávez et sa bande «d’anti-américanistes primaires» qui a pour ami des gens qui sont aussi simplement d’autres «anti-américanistes primaires».  Pour ce « despote » (étiquette), c’est le seul et unique critère valable dans le choix de ses « amis ».   Et v’lan !   Allez donc contredire une telle « argumentation » (sic)!

« Anti-occidental »  ou le simplisme dans tout son éclat !

Peut-on être «Pros» ou «Antis» Occident ?

Sommes-nous vraiment «Pros» ou «Antis» Occident ?

Mais quelle question !

On devrait plutôt dire: « Mais quel étiquetage !!! »

C’est pourtant par cet étiquetage saugrenu que l’animatrice, Marie-Louise Arsenault, de Radio-Canada a présenté son invité, Robert Fisk.

Sur le site de son émission, on dit:

« Robert Fisk, connu pour sa plume incisive et son point de vue anti-occidental.

On précède ces « attributs » caractériels biscornus par une « question » (affirmation?) non moins véreuse et orientée ayant clairement pour objectif de nous situer sans ambigüité le personnage «Fisk».

On dit:

« Le journalisme est-il toujours une affaire d’objectivité et de récolte des faits? Certainement pas pour le journaliste britannique Robert Fisk » !

Il n’y a qu’un pas pour en conclure que Robert Fisk ne fait pas du journalisme très sérieux !

Par cette présentation courte, mais qui dit tout, ce Robert Fisk serait un « anti-occidental » très peu « objectif » et aussi peu enclin à récolter des faits.

On peut difficilement avoir une meilleure présentation pour que l’auditeur ajuste ses oreilles dans le sens que ce Fisk n’a rien du journaliste, mais plutôt a tout du militant «anti-occident».  Bref, il est un personnage dont il faut grandement se méfier.

Il faudrait donc prendre avec un gros grain de sel tout ce qu’il rapporte parce que sa caractéristique bien spécifique le décrivant comme étant un «anti-occidental» (pourrait-on dire « primaire »?) nous incite à penser que ses reportages ne reflètent finalement pas vraiment la réalité.   Robert Fisk ne ferait pas vraiment du journalisme, mais aurait plutôt tendance à nous faire condamner injustement l’irréprochable Occident.

Irréprochable Occident ?  Oh!  Bien sûr, on va s’empresser de dire que l’Occident a commis quelques bévues par mégarde, mais bon, comme on dit : on ne fait pas de délicieuses omelettes sans malheureusement casser des œufs !

Par cette présentation « objective » (SIC), Robert Fisk est donc, un « semblant » de journaliste catégoriquement anti-occidental.   On dit, toujours sur le site de l’émission de Marie-Louise Arsenault, que les reportages de Robert Fisk «flirtent toujours avec l’éditorial» !

Paradoxalement, on dit aussi, sans se gêner de la contradiction, que Robert Fisk produit « ses articles sur les guerres du Moyen-Orient, ancrés dans un rigoureux travail de terrain »  !!!

Robert Fisk serait donc un journaliste qui se soucie peu de la récolte des faits, tout en faisant un  « un rigoureux travail de terrain » pour nous livrer, non pas des reportages nous exposant des faits, mais plutôt de l’éditorial nous moussant sa vision comme le font finalement tous les éditorialistes !!!

Assez étonnant qu’un tel type tienne à être sur le terrain pour nous livrer de l’éditorial !  Généralement, les éditorialistes sont bien assis dans leur bureau loin de la poussière et du sang qu’ils peuvent fouler sur le terrain.  Cet éloignement, cette déconnexion de la réalité ne les prive cependant pas de nous pousser leur opinion bien tranchée et bien souvent ne reposant que sur des « déclarations » des rumeurs et très souvent sur bien peu de faits.  (Nous avons généralement du journalisme de mots et non de faits.)

Comme si cette présentation de Robert Fisk ne suffisait pas et pour encore mieux nous situer le personnage, Mme Arsenault ajoute « qu’on lui reproche principalement d’avoir une vision simpliste et manichéenne, du monde arabe ! Une vision où les Arabes sont les victimes de l’incompréhension de l’Occident. » Mme Arsenault dit « qu’on l’accuse de manquer de rigueur, de prendre des libertés avec la réalité. »   Si elle le dit… Si elle l’affirme !

Bien entendu, dans l’esprit des auditeurs de Radio-Canada qui ne connaissent pas vraiment Robert Fisk, lorsqu’on dit « on »  lui reproche…, les gens ont nécessairement en tête que ce «on» représente les gens sérieux, compétents et « professionnels ».  Le «on», ce serait bien entendu ce type de personnes très qualifiées qui lui reprochent ainsi ces défauts très notables et peu reluisants.   Des défauts sérieux et clairement répréhensibles, et ce,  même pour un jeune journaliste arrivant dans le métier, alors pour un individu comme Fisk qui a une si longue expérience, c’est doublement répréhensible.

Qui donc est Robert Fisk ?

Robert Fisk a près de quarante ans de journalisme dans son sac et Radio-Canada l’accuse d’avoir une vision « simpliste » !

Il a reçu 24 prix journalistiques dans sa carrière ce qui fait de lui le journaliste britannique ayant mérité le plus de distinctions.

En 2000 Amnesty International lui décerne un prix pour ses reportages concernant la guerre de Yougoslavie (Serbie).

( Liste des reportages de Robert Fisk sur cette autre guerre où le mensonge a prévalu: ICI

Étrangement, vous remarquerez qu’aucun de ces liens n’est fonctionnel.  Sur internet, on rend délibérément difficilement accessible ce genre d’article.  Voilà pourquoi il est essentiel que les journaux papier demeurent et soient archivés.)

Voici quelques-uns de ses articles encore accessibles:

Publié le 4 juin 1999: «War in the Balkans – 72 days. 1,500 dead. Serbs ask why »

Publié le 7 février 2000 :  «The bloody truth of how Nato changed the rules to win a ‘moral war’ in Yugoslavia»

Amnesty Internationale qui, à cette époque, avait vraiment à cœur les droits humains et militait ardemment contre les crimes de guerre commis par «qui que ce soit» (dans ce temps on craignait moins d’être «anti-occidental»!) a produit un document de 66 pages concernant les « Violations of the Laws of War by NATO during Operation Allied Force ».

À plusieurs endroits dans ce document, Amnesty International se réfère aux reportages révélateurs de Robert Fisk.

On pourrait scruter pendant des pages la qualité du journalisme de Monsieur Robert Fisk.  Chaque document produit par Robert Fisk est sérieusement documenté et les faits qu’il rapporte peuvent être vérifiés.  Les retombées du temps lui donnent sérieusement raison.

Il est clair que d’affirmer que Robert Fisk est un genre d’hurluberlu se donnant pour mission de ternir l’Occident (plume incisive et point de vue anti-occidental) et non de faire du journalisme «véritable» sur le terrain est une présentation tendancieuse totalement non fondée.

Robert Fisk n’est pas un anti-occidental.  Robert Fisk refuse tout simplement de fermer les yeux sur les atrocités commises par ces gens qui font la pluie et le beau temps à travers le monde.

Si c’était la Chine ou la Russie qui avait à travers le monde des centaines de bases militaires, on pourrait sûrement dire que Robert Fisk est anti-russe ou anti-chinois, mais ce sont les ÉU qui possèdent ces bases et qui ont le plus faramineux budget militaire de la planète.

( Forces armées des États-Unis)

(Liste des bases militaires des États-Unis dans le monde )

Si c’était les Russes ou les Chinois et pourquoi pas les Iraniens ou les Vénézuéliens qui avaient envahi et tué près d’un million de personnes en Irak, on pourrait sûrement dire que Robert Fisk est «anti» russe, chinois, vénézuélien ou iranien, mais ce n’est pas le cas.  L’Irak a été massacré par l’armée US.

Robert Fisk devrait-il, comme ses collègues prostitués, fermer les yeux et bénir ces gestes totalement répréhensibles ?

On pourrait dresser une longue liste des méfaits commis par l’Occident et son armée, l’OTAN.  On pourrait aussi démontrer les méfaits commis par les organismes de l’Occident comme le FMI, la Banque Mondiale, ou l’OMC (démonstration faite dans plusieurs très sérieux bouquins).

Sommes-nous « anti-occidentaux » lorsque l’on dénonce l’exploitation «flagrante» de l’Afrique, ce continent extrêmement riche où paradoxalement sévit la pire misère de la planète ?

Sommes-nous « anti-occidentaux » lorsque l’on condamne les assassinats de dirigeants politiques et les invasions de Pays souverains ?

Doit-on fermer les yeux sur ces exactions et ces guerres faites sous les prétextes hypocrites de la démocratie et des droits humains ?

Doit-on fermer les yeux sur les mensonges pour éviter d’être étiqueté comme ce Robert Fisk, «d’anti-occidental» ?

Mme Arsenault dit  qu’il y a un « culte » autour de Robert Fisk.

Elle insiste qu’il y a des gens qui «l’adulent».  Il n’y a qu’un pas pour insinuer que respecter le travail de Robert Fisk est synonyme de faire partie d’une secte, la «secte de Robert Fisk» !

La jeune Marie-Louise reproche sévèrement à M. Fisk de donner son « opinion » dans ses reportages. Elle lui dit : « Quelle est votre définition du journalisme, Robert ? » (À 3 minutes du début).

Quelles sont donc les compétences journalistiques de Mme Arsenault pour se permettre ainsi une question aussi incisive et désinvolte? Quelle est votre expérience journalistique, Marie-Louise, sur le terrain des guerres et du monde pour vous permettre ainsi de pratiquement faire la morale à Robert Fisk ?

Avec une telle question: «quel était le but de Marie-Louise Arsenault ?»

Il est clair que peu importe la réponse de Robert Fisk concernant la définition du journalisme, c’est la question que l’on retient.  Et il est aussi clair, sans avoir suivi le cours de psychologie pour les nuls, qu’une telle question, dit sur ce ton nous laisse dans l’esprit concernant Robert Fisk: « Mais quel est sa définition du journalisme pour agir ainsi ?»

Au lieu de recevoir de telles remontrances par cette jeune blanc-bec, Robert Fisk aurait plutôt mérité de se faire féliciter pour faire du véritable journalisme et défier ces lignes éditoriales totalement orientées et que nous pourrions qualifier de «pro-occidentales».

Lignes éditoriales des mass-médias sont-elles vraiment «pro-occidentales» ?

Il est trop simpliste de dire qu’elles le sont.   En fait, les lignes éditoriales de tous nos médias de masse ne sont pas « pro-occidentales », mais bien plutôt pro-mensonges et anti faits, ce qui évidemment sert les oligarques mondiaux que l’on réduit trop souvent à « occidentaux ».

Contrairement à Robert Fisk qui persiste à se rendre sur le terrain avant de témoigner d’une situation, nos journalistes devenus de flagrants propagandistes n’ont besoin que de données totalement non vérifiables comme celles du fameux OSDH de Londres (qui ne comporte qu’un seul membre actif plus que douteux) pour nous livrer leurs «vibrants» reportages cousus de leur fine opinion uniforme pour ne pas dire formatée.

Robert Fisk est un journaliste de faits, de terrain.  Il écrit ses reportages dans la poussière souvent près des mares de sang encore bien rouges.  Et nos journalistes prostitués, eux, font du copié-collé de l’AFP et de l’OSDH, bien assis dans leurs bureaux confortables, à Montréal, Paris, Londres ou Washington.

Mme Arsenault accuse Robert Fisk d’être « simpliste ».  Il faut le faire.  C’est comme dire que la neige est noire ou que la glace est chaude.

Le qualificatif de «simpliste» s’applique plutôt à ce que l’on ose appeler « analyse » ou « profondeur » dans les nouvelles copiées collées du personnel journalistique propagandiste de la SRC (Société Radio-Canada).

La jeune Marie-Louise ose accuser Robert Fisk de présenter le monde de façon «manichéenne» !  Incroyable tout de même !

Trouvez un seul article sur nos mass-médias indiquant un bon côté de Vladimir Poutine ou de Bachar al-Assad, ou du défunt Mouammar Kadhafi, ou à celui qui a été injustement mis en prison sans procès, Laurent Gbagbo,

Ou encore un article récent favorable à Simone Gbagbo ou à Asma al-Assad, ou encore aux présidents progressistes latino-américains, ou à Ahmadinejad, ou à Mugabe, ou aux dirigeants chinois, ou nord-coréens.

Et trouvez un seul article condamnant avec la même vigueur que ceux cités précédemment les Sarkozy, ou les Harper, ou les Cameron, ou les Clinton-Obama, ou tous ceux qui font partie de ce monde que notre presse considère comme luttant pour le « »bien »».

Un monde « manichéen » dites-vous ?!

Qui donc nous fait preuve de simplisme et nous présente l’information de façon manichéenne ???

Il est clair que nos braves journalistes et animateurs, telle que Mme Arsenault, font preuve de simplisme et de manichéisme.  L’art d’accuser les autres de ses propres travers est une technique très utilisée.

Mais quiconque se penche sur la réalité des choses constate rapidement l’odieux subterfuge.

Robert Fisk est loin d’être simpliste et manichéen. Quant à notre institution radio-canadienne, elle ne fait que nous présenter du simplisme avilissant et un monde caricatural manichéen.

Radio-Canada, tout comme l’ensemble de la presse occidentale ne va jamais plus loin que la surface des choses et nous présente constamment le monde en bien et en mal.  Ce monde clairement établi par George W Bush qui nous traçait l’axe du mal.  Ce monde manichéen toujours clairement établi par ce même individu qui déclara « You are with us or with the terrorists » !!!

George War Bush, bien qu’il pue le mensonge et est le responsable de la mort de centaines de milliers de personnes innocentes, est toujours grandement « respecté » par nos journalistes serviles et rampants.   Jamais notre presse qui se dit non manichéenne ne mènerait des campagnes médiatiques contre ce menteur assassin de Bush, jamais aucune campagne du genre de celles menées contre le défunt Kadhafi ou l’actuel Bachar al-Assad ou encore comme celles contre Mugabe, al-Béchir, Poutine, Chávez, Ahmadinejad et autres présentés comme grands « méchants » (sic).

Étrange que nos «Marie-Louise Arsenault» n’aient jamais considéré George W Bush comme étant simpliste et manichéen !

Étrange, n’est-ce pas ?

Étrange aussi que l’on considère que Robert Fisk a de tels défauts !

À travers cette entrevue, Radio-Canada nous a encore une fois clairement démontré que nos artisans de l’information radio-canadienne se sont donné pour mission de faire valoir la propagande visant à justifier les actes inadmissibles commis par les prédateurs oligarques qui mènent pratiquement la totalité du monde.  Cette propagande faisant la promotion des guerres, des invasions et du contrôle économique afin que ces puissants dans l’ombre puissent poursuivre leurs atrocités avec la bénédiction de l’opinion publique.

Heureusement qu’il y a des Robert Fisk.

Heureusement qu’il y a des gens que l’on étiquette « d’anti-occidental« , de « conspirationnistes » ou de « théoriciens du complot » pour faire valoir la réalité

Il y a en fait ceux qui font la promotion du mensonge et qui s’évertuent à maquiller la réalité et ceux comme Robert Fisk qui mettent leur énergie à nous livrer des faits.

Livrer des faits et faire valoir la réalité, voilà ce que tous journalistes dignes de ce nom devraient avoir à cœur.

Serge Charbonneau

Québec

P.S.: Quelques articles de Robert Fisk

http://www.vigile.net/_Fisk-Robert,1661_

«Syrie : la guerre des mensonges et de l’hypocrisie»

Automne 1998 dans le Middle East Report

« So No One Can Say « We Didn’t Know » »

Article pour lequel Robert Fisk a obtenu le Prix d’Amnesty International en 2000

« CONVOY OF THE DAMNED »

Amnesty International UK Media Awards 2000

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